Dikii Posté(e) le 30 octobre 2013 Share Posté(e) le 30 octobre 2013 A quelques mois des prochaines élections et après avoir consulté les comptes-rendus du 59ème congrès de l'ABF ainsi que le dernier (et brillant, si si ! ) numéro de Bibliothèque(s), je m'interroge sur cette notion de "politique".Alors que la médiation culturelle nécessite que nous nous impliquions davantage, en assumant notre subjectivité auprès des publics, alors que la médiathèque, cette agora, tend à offrir les outils critiques pour nous autres citoyens mais aussi pour tous ces gens qui n'ont pas forcément le droit de vote et partagent (ou non) notre culture, puissent devenir des personnes éclairées, je me demande qu'elle doit être notre position vis-à-vis du débat politique.En effet, afin de garantir des collections et un service démocratique, nous devons en permanence veiller à acquérir des médias politiquement équilbrés. Cependant, alors que durant la campagne officielle prochaine les médias tâcheront eux aussi d'équilibrer le débat, quel sera l'impact réel sur les personnes ? Est-ce parce que nous évoquons autant un parti que l'autre que nous garantissons un éclairage suffisant ?S'il est vrai que sous l'idée de politique sont rassemblés tous les enjeux qui gouvernent notre société (éducation, économie, culture...) il n'empêche que le personnage politique et le fonctionnement du système pour lequel il entend apporter sa pierre concerne directement les citoyens. Alors certes, il y a des débats publics organisés dans nos cités (et encore pour ceux qui connaissent le milieu rural, les soirées se limitent à une brève présentation de la liste et du programme...) mais à quel moment le citoyen est-il impliqué directement dans ces questions ?Personnellement j'ai l'impression que le discours politique n'est pas suffisament accessible aux publics, ou du moins qu'il s'adresse à ceux qui peuvent en saisir la complexité. Alors que certaines structures investissent des sommes considérables pour défendre des idées sous forme d'art contemporain, pourquoi la médiathèque n'investirait-elle pas autant pour accueillir par exemple, en partenariat avec les réseaux locaux, des conférenciers -et ils sont nombreux- capables de transmettre leur savoir, capable de suciter des interrogations ?Notre rôle n'est pas de faire propagande mais d'inciter le questionnement et de favoriser les échanges entre individus.Car si l'on peut constater un certain recul de l'intérêt des citoyens pour la politique, nous ne pouvons que constater le fait que nous vivons dans une société de plus en plus politisée.Les bibliothèques ne doivent-elles pas, autant qu'elles ont su le faire pour l'art contemporain par exemple, oser confronter des idées politiques ?Il ne s'agit pas de lancer un gros mot, juste de réfléchir à des possibles. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 30 octobre 2013 Share Posté(e) le 30 octobre 2013 (modifié) Certes, osons, mais osons le débat tout court. Le débat sociétal comme on dit maintenant. Si la bibliothèque st un lieu de citoyenneté il serait fâcheux qu'elle ne se cantonne qu'à la promotion culturelle. Il me souvient que les Maisons des Jeunes dans les années précédentes étaient des lieux de culture et de débat permanent. C'était même dans leurs missions. Et certaines bibliothèques organisent de temps à autre des soirées-débats sur des sujets de société (le nucléaire, les energies nouvelles, les OGM, parfois en invitant des personnages en vue comme Pierre Rahbi, Albert Jacquard récemment disparu etc...). Est-ce que c'est dans leur projet d’établissement au fait ? Du reste ici même sur ce forum pourtant éminemment culturel on débat des ondes électromagnétiques et de leur nocivité, me semble t-il, sujet très politique, alors pourquoi ne le ferait-on pas en bibliothèque ? On y a débattu de l’intérêt d'acheter ou non les DVD de Dieudonné etc...Tout est politique, surtout ce qui n'en a pas l'air, donc...on ne risque pas de se tromper. Par contre, là on on pourrait s'écrabouiller les orteils, c'est si on se mêlait d'organiser des débats politiques, au sens politicien du terme, dans la cité, sur les questions de la cité, et à quelques mois des municipales en plus. Cela me paraitrait relever de la pure provocation ou du suicide programmé, en oubliant surtout que nous sommes censés ne pas critiquer la politique du maire et observer une certaine discrétion dans notre rôle de fonctionnaire. Nous avons un devoir de "loyauté" envers notre élu, le savais-tu, lulu ? C'est dans les textes. Même le respect du pluralisme et toute la déontologie du monde ne nous seraient d'aucun secours en la matière. Et puis qu'irions nous faire dans cette galère ? La vraie politique est ailleurs, nous le savons tous. Il serait peut-être amusant que des factions locales viennent se défoncer la tronche à la bibli en expliquant pour qui il faut voter en mars, et d'expliquer aux foules villageoises que leur maire est vieux jeton, que son programme est nullos et qu'il n'a même pas su refaire les trottoirs proprement et qu'on patauge dans les excréments canins comme jamais depuis la guerre, tandis que le prochain leur construira un vestiaire de foot en or massif et fera sauter les parcmètres installés par le précedent...et autres foutaiseries locales qui ont pour seul but de mener les retraités aux bonnes urnes comme les vaches à l'abattoir. Amusant mais sans intérêt. la médiation culturelle nécessite que nous nous impliquions davantage, en assumant notre subjectivité Ouille ! Attention aux dérives. Le pluralisme de nos collections est une chose, notre subjectivité de médiateur en est une autre. Mais c'est une phrase intéressante Une occasion de débattre.... En tous cas, je me permets de te féliciter, Dikii, pour ton style et la qualité de tes formulations, ça devient parfois rare sur ce forum... Modifié le 30 octobre 2013 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Nostre Posté(e) le 31 octobre 2013 Share Posté(e) le 31 octobre 2013 (modifié) Allons y pour le débat. Je pense qu'il faut distinguer une approche en médiathèque de la politique et du politique (sans vouloir être pédant ). Si mon budget me le permettait, j'achèterai tous les livres de tous les bords politiques: au lecteur ensuite de se faire une idée. Puisque je ne peux pas, ils sont bannis de la médiathèque. La médiathèque n'a pas à prendre parti sur telle ou telle idée concrète de l'organisation de la cité. (Pour prendre un exemple récent sur la réforme de la nationalité, droit du sol ou droit du sang). Par contre, je pense que nous pouvons faire entrer LE politique dans la médiathèque: une réflexion '''philosophique""" sur ce qu'est le politique, le vivre ensemble, l'organisation de la cité (doit-on vraiment bannir les poètes`?). Pour en revenir à notre exemple, réfléchir sur ce qu'est l'identité, la citoyenneté, être citoyen, droits et devoirs, les différentes approches de l'identité. Mais pas si le fait d'être né à l'étranger d'un parent étranger fait de moi un français après x années de vie en terre française... D'ailleurs lorsque la politique s'invite à la médiathèque ce n'est pas joli joli: si aux prochaines élections municipales à Brignoles le nouveau conseiller général devient maire de la ville, faudra t'il se plier à des exigences de karchérisation de nos rayons: bannir la littérature étrangère, n'acheter que des livres français produits en france (préférence nationale), et parmi ceux-là ne proposer que des livres de bon aloi?????? Et de trois. Je suis d'accord avec Ferris sur la part de subjectivité dans notre action de médiation. (Et ça revient à la discussion que l'on avait sur les listes des livres les plus lus par nos lecteurs). Le fait que je pense que Trevanian ou Jacques Abeille sont deux grandissimes écrivains ne signifie pas pour autant que je doive les imposer à mes lecteurs. Encore moins à tous les lecteurs. Ils sont à la médiathèque et je les propose à des personnes qui ne les connaissent pas: là s'arrête la part subjective de ma médiation. Mais je propose dix fois plus d'auteurs de terroir, ou des lectures plus """faciles""", ou plus à même de satisfaire le goût de tel lecteur précis. Si je ne peux me défaire de mes goûts personnels, j'ai le devoir de tendre (à la façon kantienne) vers l'objectivité: j'achète et je propose des livres dans le cadre d'un service public; je n'achète pas des livres pour ma bibliothèque personnelle (ou l'on ne trouvera aucun Bourdin ). Moi cette question du service public me taraude (mais oui!). Service, servir, asservissement, sévir??? Public. Au service de celui-ci? Pour le ""bien"" de celui-ci? Mais c'est qui d'ailleurs ce public??? Une petite question: je me posais la question des limites """objectives""" entre le fait d'être le "bibliothécaire / programmateur culturel / agent d'une collectivité" et un citoyen lambda d'une commune rurale. Si à une réunion politique lors des prochaines municipales je demande aux différents candidats quelle sera leur politique culturelle et s'ils envisagent une réorganisation des services administratifs, je porte quelle casquette? Et ne suis-je pas en train de faire usage d'informations que le citoyen lambda n'a pas (et n'a peut-être pas à avoir, ou au contraire, qu'il devrait avoir?). à Diiki: j'ai proposé à nos élus une séance de philo foraine avec Alain Guyard au mois de février sur Le Prince de Machiavel . Mais non enfin, c'est un hasard du calendrier! Modifié le 31 octobre 2013 par Nostre Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 31 octobre 2013 Share Posté(e) le 31 octobre 2013 (modifié) Mais je propose dix fois plus d'auteurs de terroir, ou des lectures plus """faciles"" Un bel exemple de mediation très subjective : nous nous cachons derrière une evidente "facilité de lecture" en oubliant que le message subliminal que véhiculent ces bouquins est profondement politique : les valeurs traditionnelles de la France éternelle, le rapport à "la terre qui ne ment pas", comme disait le Maréchal, la famille, le sacrifice etc...Mais là nous achetons de la fiction gentillette, nous sommes irréprochables et bien à l'abri. Et puis, après tout, nous ne faisons que suivre les goûts de nos publics, nous en plein dans le "service public" en direct. Et ça plaira aussi beaucoup à l'eventuel maire de Brignolles, on peut en être sûr. Pas besoin d'acheter des livres "politiques" en 320, c'est prendre des risques inutiles, et en plus on les balancera tous au pilon assez vite. Il n'y pas plus politiques que les livres qui ne sont pas étiquetés comme tels. La fiction nous tend les bras, vaste et accueillante, si nous voulons à tout prix orienter nos acquisitions en toute discretion.... Sauf que des gens, au même moment, défilent dans les rues avec ces mêmes messages, rapportés à telle ou telle actualité. Pas la queue d'un personnage "issu de la diversité culturelle" comme disent les faux-culs d'aujourd'hui, dans les romans du terroir. Nous avons eu le même débat sur la place de la femme dans la litterature jeunesse sur ce forum. Et il y a de quoi faire. Mais qu'en serait-il si nous organisions (surtout en milieu rural) des soirée thematiques sur les valeurs françaises véhiculées par cette littérature ? A tenter peut-être, avec un invité adéquat ? Je me tâte.... ET SI ON INVITAIT BOURDIN, AU LIEU DE SE FOUTRE DE SA GUEULE A LONGUEUR DE FORUM ? Elle a peut-être des choses à dire cette chère Françoise, qui nous amène tant de lecteurs, non ? En tous cas, point de neutralité dans nos choix de livres, même de fiction, c'est évident Il faut être stupide ou aimer le risque pour acheter un pamphlet de José Bové contre les OGM alors que la quasi-totalité des livres écrits sur ce sujet par des scientifiques actuellement nous tendent les bras en nous offrant, précisément leur caution scientifique...pour dire a peu près la même chose. On achète le bouquin et le parapluie est offert avec. De là à revendiquer une subjectivité active... Modifié le 31 octobre 2013 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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