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Violence en bibliothèque : appel à témoignages


SandraJ

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Bravo pour avoir déniché ce petit bijou de haine déguisée et de bêtise sans fard dans http://www.placedelamadeleine.org/article-attention-bibliothecaire-mechante-69391598.html. C'est un régal. Je pense effectivement que le dernier commentaire est celui de la bib en question ou d'une équivalente. Bizarrement, personne ne moufte plus après son intervention...


 


Pour le reste tu as raison, on n'est pas près de devenir inutiles, même avec quelques gadgets de plus, que nous saurons apprivoiser d'ailleurs, comme nous l'avons toujours fait. Quant au nom...je pense que nous sommes déja pas mal devenus des documentalistes en fait. Comme disait Jaurès, quand on ne peut pas changer les choses, on change les mots. Médiateurs, passeurs, nous avons déja un sac bien plein. Quelques épithètes de plus ne changeront pas grand chose. La technicienne de surface reste une femme de ménage, et elle le sait.. :tongue:  


 


L'essentiel des violences dont tu fais part reste quand même très orienté vers les règlements stupides...et ceux qui les appliquent. Sacré Bernard ! Toujours accroché à la même branche....mais elle tient bon ! :D 


 


Je me demande si Sandra réussira à rassembler suffisamment de témoignages. C'est pourtant un très bon sujet qu'elle tient là. Mais, anonymat mis à part, il ne semble pas fédérer beaucoup sur le Forum.


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Violence institutionnelle : le bénévolat, qui remplace officiellement les agents dans leurs missions de base, notamment en zone rurale où il est valorisé comme un palliatif économique, constitue implicitement une dévalorisation de la spécificité de la profession, une négation du professionnalisme nécessaire à son exercice. C'est une violence.


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@Ferris


L'essentiel des violences dont tu fais part reste quand même très orienté vers les règlements stupides


 


Eh bien, c'est toujours ce que l'on ressent en tant qu'usager. :wink:


C'est aussi à ce niveau que s'exerce le maximum de violence usager-bibliothécaire.


 


Le chhuuuut ! incessant, et qui est reproché par les usagers, vient aussi du règlement. Surtout quand il est appliqué à tort et à travers par les bibliothécaires qui font plus de bruit que les usagers en faute.


 


Pour les bénévoles, oui, on peut le voir de la façon dont tu le décris.


Reste que pour ce que j'en connais dans ma région, sans bénévole tu n'aurais pas de bibliothèque du tout.


 


La véritable violence à ce niveau, c'est l'absence d'initiative des professionnels envers les villes qui ne possèdent pas de bibliothèque. Parce que, sans initiative de la population (soit des bénévoles) rien ne se met en route, les BDP ne peuvent pas intervenir, et donc les postes ne peuvent se créer.


Sauf détermination d'un maire qui prend le problème à bras le corps, tu n'as pas de création de bibliothèque.


 


Lorsque des bénévoles se manifestent, tout le reste se met en branle.


Et je peux te rejoindre dans le fait que les bénévoles remplacent les pros... faute peut-être de candidature professionnelle (dans mon cas, des candidatures pour prendre en main la bibliothèque nous avons eu deux ou trois demandes durant 15 années de bibliothèque. Aucune n'émanait de professionnels. Bien sûr, deux de ces candidats au poste ne sont jamais passés nous voir.)


 


Tu n'as pas non plus, durant les études de bibliothécaire (DUT ou autres), de modules/UV pour travailler avec des équipes bénévoles. Comme si les bibliothèques se créaient à partir de rien, sans initiative/fort désir de la population.


Comme si les bénévoles ne valaient que mépris et opprobre.


 


Le regard des professionnels est très dur vis-à-vis des bénévoles, surtout quand les pros n'étaient pas là au début. Ce moment où il faut tout faire, tout construire, ce moment où il faut investir sans être payé, et faire tourner la boutique avec des moyens de misère. Sans oublier de donner de ses propres livres, quand ce n'est pas de sa propre poche (au moins pour les frais de déplacements)... et ceci sans compter son temps.


Certes, ce n'est pas du boulot de professionnel. Mais c'est du boulot de fondation... lorsque les professionnels, ils sont absents dans ces moments critiques. (sauf les bdpistes, un peu)


 


Tu sais, si les professionnels, on les voyait un peu plus à l'oeuvre, un peu plus à soutenir les bénévoles, à leur tendre la main au lieu de les considérer comme une sous-classe, la profession serait beaucoup mieux reconnue partout.


Non, le seul désir des pros, c'est de virer les bénévoles, et de les virer d'urgence !


 


Où est la violence dans ce cas ?


 


Ayant été longtemps bénévole, je te parle de mon expérience. Et ce ressenti est fréquent parmi les équipes de bénévoles, l'arrivée d'un pro, c'est souvent être chassés. (en parlant plus crûment, c'est être virés comme des malpropres. Merci, vous avez bien défriché le champ, maintenant dehors.)


 


Et quant à parler de la considération des élus pour les pros, je ne te raconte même pas ce qu'elle est pour les bénévoles.


Jamais un merci, jamais une invitation à la galette des rois du personnel, au pot du personnel. Jamais rien. Malgré tout le travail gratuit offert.


Là, je peux te dire où sont les vrais passionnés, où sont ceux qui en veulent pour le "service bibliothèque".


 


Les pros, eux, sont payés.


 


Et tu oublies, qu'en zone rurale, bien des pros sortent des rangs des bénévoles.


Non sans mal, non sans sueurs froides lorsque leur contrat CAE arrive à échéance durant une élection.


 


Non sans plusieurs promesses d'embauche, dont ils ne voient pas la couleur année après année.


 


J'en connais plusieurs qui ont attendu trois, quatre, cinq ans de promesse, avant de voir, enfin, réalisé une embauche à 20h.


Quand ce n'est pas 15h (avec un travail effectif de 25h).


 


Quel professionnel diplômé accepterait ce genre de deal.


 


La violence institutionnelle, elle est aussi là.


 


Et je ne trouve pas que ces bénévoles, ex-bénévoles dévalorisent la profession.


(et je ne parle pas de mon cas, je dévalorise sans aucun doute la profession puisqu'un directeur de DUT a bloqué ma VAE, même une validation partielle, au motif que j'étais trop bavard sur Biblio.fr et Internet en général. :thumbsup:)


 


Non, ces femmes-là, ces bénévoles-là, elles la rehaussent la profession.


 


Comme toi aussi tu la rehausses en donnant plus que ton temps à aider, à répondre à tout le monde.


De manière bénévole, tiens. :D


   Bernard

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Bernard, tu ne me relanceras pas sur ce type de débat, maintes fois rabaché. Il ne s'agit pas des gens et de leurs qualités ou de leurs efforts ici ou là, souvent reconnus (ne jouons pas la victimation non plus, chez nous les élus sont prêts à leur dresser des statues), il s'agit de l'institution, donc effectivement du non-volontarisme des élus. Nous ne parlons pas des personnes et de leurs mérites. Nous parlons d'un fait institutionnel, comme ce qui s'est passé en Angleterre du reste.


 


Et d'instituer le bénévolat comme porte de secours institutionnelle a amené à le détourner de ses véritables missions, que l'on retrouve fort heureusement dans d'autres milieux : le bénévole apporte une plus-value réelle et indiscutable dans des actions ponctuelles (a travers des associations comme Lire et faire lire, des interventions dans les Ehpad, notamment la lecture a voix haute qui est très prisée actuellement, des actions vis à vis des bébés lecteurs, du portage à domicile, des animations, et un rôle non négligeable (mais oui disons-le car c'est important) de lobbying vis à vis des élus locaux etc...


 


En avoir fait des agents à pas cher, le lumpenproletariat des bibliothèques, c'est avoir aussi dévalué leur propre rôle et la richesse de ces actions annexes. Ainsi la dévaluation est totale : pour les professionnels comme pour les bénévoles. Quant à la violence, je suis persuadé que le bénévole qui comprend parfaitement qu'il n'est pas formé et ne sera jamais à la hauteur de quelqu'un qui a fait un DUT ou autre doit aussi ressentir comme une violence le fait qu'on lui fasse jouer un rôle qui n'est pas le sien à l'origine.


 


Un exemple récent qui montre comment on les "coince" finalement, en les ayant mis dans un costume qui n'était pas le leur : augmenter les heures d'ouverture. C'est en train de devenir le nouveau credo, y compris en zone rurale. Nos bénévoles disent : non. Certes, les agents, a plein temps, y pourvoiront (là où il y en a ), mais cela augmentera le fossé. Déja pour les TAP, c'était niet. Je ne parle même pas du numérique....Les bibliothèques bougent, les métiers changent, et les bénévoles/agents low cost doivent suivre, comme ça, ou être montrés du doigt comme une force d'inertie et d'immobilisme à terme ?


 


Non, ça ne marchera pas. Autant ils donnent et auraient pu donner encore ailleurs, autant sur ces tâches de professionnels, ils se sentiront majoritairement déclassés. Ou dévalorisés, sauf pour ceux qui rangent les livres....bien sûr et s'en contentent. Belle valorisation qu'on leur proposera là!


 


Ce discours existe déja, tu le sais : je ferais bien mais mes bénévoles rechignent... Ce discours augmentera. Déja avec les mises en réseau et l'obligation d'harmoniser les pratiques d'une commune à l'autre, les bénévoles sont perdus, restant accrochés aux pratiques "du temps où la bibliothèque était communale" et où le seul interlocuteur était le petit maire local, facile à toucher, presqu 'un ami d'enfance pour certaines. Aujourd'hui les décisions se prennent loin et on leur parle des pratiques d'autres bénévoles, dans d'autres villages inconnus, on les incite d'ailleurs à se rencontrer et à "échanger sur leurs pratiques" : majoritairement elles reculent, n'ont pas le temps, pas vraiment envie. Le fossé se creuse.


 


Le temps de la nostalgie viendra vite pour les bénévoles...Chez toi, c'est peut-être encore "zone protégée", chez nous et bientôt partout, les intercommunalités progressent, les réseaux avec, et la globalisation des pratiques aussi. Nos technocrates locaux sont un peu embêtés d'ailleurs: ils constatent, découvrent naïvement, que le bénévoles ne souhaitait œuvrer que dans le cadre de son village...Tardive découverte. Surtout quand on constate que la répartition territoriale des bénévoles est très variable, et qu'ils ne sont pas "mobiles", comme les salariés, qu'on peut déplacer comme des pions suivant les besoins locaux. Un nouveau casse-tête pour nos chers et économes élus du peuple...


 


C'est la structure de la lecture publique en France, et le principe de libre administration des collectivités locales, allié au fait que les bibliothèques ne sont pas un service public obligatoire, qui ont rendu possible cette dérive, qui est préjudiciable aux deux parties. Aux trois, car j'oubliais le public.


 


Ne jamais se tromper d'ennemi...


 


PS. Cela restera un des grands regrets de ces débats sur le bénévolat, déjà anciens sur le forum (et je crois présents au congrès d'après le programme), d'avoir toujours fini par dériver vers un faux débat, exemples vécus à l'appui, sur les gentils et les méchants, pour faire simple. Dénoncer le bénévolat comme système n'est pas une attaque contre les personnes. Malheureusement ici, on en reste trop souvent là...


Modifié par Ferris
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Je me demande si Sandra réussira à rassembler suffisamment de témoignages. C'est pourtant un très bon sujet qu'elle tient là. Mais, anonymat mis à part, il ne semble pas fédérer beaucoup sur le Forum.

 

Cette remarque me fait réfléchir, car en effet, quand je vois "violence en bibliothèque", j'ai du mal à répondre.

Quand on me dit le mot violence, je vois des coups de poing qui volent, des dents qui cassent, du sang qui gicle. Ma culture de films d'actions décérébrés ? Ma jeunesse en milieu rural où les bals de campagne se terminaient une fois sur deux en bagarre, et où des imbéciles menaçaient d'aller chercher leur fusil de chasse pour régler le problème une fois pour toute ? Les reportages télévisés sur les violences faites aux populations, hommes, femmes et enfants, dans les pays en guerre ou vivant sous dictature ?

C'est une vision évidemment primaire de la violence. Mais c'est la seule qui me vient à l'esprit (je suis très primaire, oui). Sans vouloir prendre mon cas pour une généralité, ne serait-ce pas un élément de réponse à ce manque d"écho de la question dans le forum ?

Ou peut-être est-ce parce qu'il y aurait trop à dire et qu'on ne saurait pas pas où commencer - et qu'on n'a pas tous le talent de Bernard Majour pour synthétiser et exposer une liste de petites violences du quotidien ?

 

Bref, SandraJ, je suis bien embêtée de ne pas plus te répondre, mais le terme de violence n'éveille pas assez d'échos en moi... Tu as bien expliqué que tu laissais une définition libre du terme à dessein, et pour moi, c'est trop libre...

 

Mais peut-être que je devrais changer de métier, si je ne suis pas capable de voir la violence imposée par les bibliothèques aux usagers et non-usagers.

Des fois je pense que je suis trop privilégiée pour faire bien mon travail. Dans le cas du gars qui vient rédiger son CV, Ferris, j'aurais fait le strict minimum : accès au poste, modèles de lettres, et basta. Aller plus loin ? Je n'ai pas l'âme d'une assistante sociale. Je ne dis pas que j'ai raison : je dis que c'est ma réaction. Et que cela me demanderait un effort tellement important de changer cette attitude que je risque d'y laisser ma peau. Pour aider les gens dans la merde, la vraie, il faut avoir une vocation dans le social ou la santé. Ben moi, je ne l'ai pas.

Bon sang, mais qu'est-ce que je fiche en bibliothèque, alors ?

 

Bouille, en plein remise en cause professionnelle pendant une insomnie. Ca ira peut-être mieux demain...

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Eh bien ma Boubouille, on se rouille ? Tu reviens du Congrès ou quoi ? Nouveaux métiers, nouvelles compétences, et voilà que tu te demandes ce que tu fais en bibliothèque ? Et en plus insomnies ? Bienvenue.

 

 

 

Dans mon exemple du CV, je pense qu'il y a violence, même si ce n'était pas le propos initial, dans la réponse un peu "torchée" de mes collègues, et leur façon de balancer les gens devant internet. Et ça c'est pas nouveau. On ne cherche même plus les bouquins (et on en a un paquet sur les CV, et même des DVD interactifs !) on choisit la solution internet. Si c'est ça les nouveaux métiers etc...ça fait réfléchir. D'un côté on valorise dans le discours la qualité de l'accueil, l'importance de la convivialité et du contact humain, on sait parfaitement bien que les gens viennent aussi et parfois surtout chercher un contact et un conseil plutôt qu'un document, et on fait ça ? Pour faire les choses proprement, il faut simplement aimer rendre service, c'est tout. Et cette envie là ne nous sera ni donnée par de nouvelles compétences ou la maîtrise du numerique. Cette envie là, c'est le vrai cœur de métier : "service public", c'est du français non ? Et ça ne passe pas par la technologie.

 

 

 

Mais ceci dit, rassure-toi, chacun met le curseur où il veut ou peut. Dans des petites structures on t'offre le café quand tu passes t'inscrire, on te fait un café-lecture avec viennoiseries s'il vous plait, et on s'auto-satisfactionne jusqu'à l'orgasme avec ça : qu'est-ce qu'on est bons , accueillants et humains, un sucre ou deux chère Mâame ? Moi je ne suis pas d'accord pour aller jusque là. Attirer le client avec des viennoiseries, ou des mômes avec des sucreries, ça m'a toujours fait gerber. Là, effectivement je peux me demander quel produit je vends. Mais c'est personnel : je suis incapable de proposer des trucs à bouffer sur un plateau dans un cadre professionnel. Mes collègues si. Par contre pour le coup de main au CV, le gars peut aller se torcher. Comprends pas.

 

 

 

Pas besoin d'être assistante sociale pour aider quelqu'un. Simplement quand on aide on aide, on torche pas. Si un copain te demande un coup de main pour monter un mur, le but c'est que le mur se casse pas la gueule le lendemain, non ?

 

 

 

Mais on a toujours le choix : si on me demande l'heure dans la rue, je suis pas obligé de la donner. Je peux aussi dire allez demander ça à quelqu'un d'autre, pas de problème non plus. Comme orienter vers un collègue en bibliothèque finalement. Mais je vais pas dire à la personne qu'il est moins cinq s'il est moins le quart, c'est se foutre du monde.

 

 

 

C'est comme les "conseils de lecture", il n'y a pas de honte à orienter vers un collègue qui s'y connait mieux en SF (Tiens, allez donc voir Bouille-Razorbill, pour les histoires de fin du monde elle en connait un rayon...) !) que de donner n'importe quel titre parce que la SF on s'en bat l'oeil et les couettes réunis. Rendre service c'est quelquefois orienter vers quelqu'un d'autre.

 

 

 

Difficile si on est tout seul, Superman n'existe pas. Difficile si on est 25 dans une usine, où on se connait mal et où la tendance sera d'orienter la personne vers le "secteur" plutôt que vers une personne humaine qui marche sur deux jambes. D'où le choix de la petite ou moyenne structure. J'y reviens toujours, je sais, mais j'ai fait ce choix, en sacrifiant ma "carrière", parce que c'est celui où les satisfactions sont les plus nombreuses finalement, et où "rendre service" peut aller assez loin sans causer de problèmes.

 

 

Une bonne bib, c'est une bib où on a le temps et l'envie de traiter les gens en fonction de leur vraie demande, au delà des apparences. Si Mâame Dugland me demande timidement un renseignement ou un livre sur le divorce, pas trop fort, tu crois que c'est honnête de lui refiler un guide juridique en lui balançant "vous aurez tout la-dedans" ? Non. T'as pas une collègue qu'a divorcé ? Si, j'en ai deux. Normal, t'as un couple sur trois qui divorce en France (1 sur 2 sur Paris). Bon, moi comme célibataire, je préfère l'envoyer vers la collègue que de m'y coller moi-même, normal. Et sur les médecines douces ? Pareil, tu peux pas savoir le temps que j'ai passé a en parler avec des gens. Certains sont repartis avec un livre d'autres non. Peu importe, c'est pas ça qu'ils étaient venus chercher de toutes façons.

 

 

 

 

Alors si c'est ça le "nouveau métier", ça fait plus de 30 ans que je le pratique, avec ou sans internet. Et c'est pas les blafards yes we can du numerique for ever qui feront mieux.

 

 

 

Je vais te dire un secret, ma Bouillie premier âge, : ma vocation je l'ai découverte en CDI, comme Maitre auxiliaire, 4 ans de remplacements de profs et, miracle, la dernière année, la nana du CDI tombe encloque et fait un peu durer le plaisir. On me propose le CDI (pas un cadeau, fallait voir les CDI de l'époque !). Je prends. Et là je découvre les mômes AUTREMENT. Ils viennent de demander un coup de main pour faire leurs devoirs. Des devoirs bien cons, comme je leur demandais quand j'étais prof, tu vois l'ironie ! Contact différent, je ne suis plus prof, ni pion, je suis l'adulte-aidant du CDI. C'est plus des elèves c'est des mômes ! Et je me suis pris au jeu. J'ai préparé mon CAFB dans la foulée de cette année là. Mais j'appelle pas ça la "vocation", personne ne m'a appelé (vocare), j'appelle ça une occasion, une rencontre, un incident de parcours positif.

 

 

 

Depuis je rends service. Même a la poste une fois, en région parisienne j'ai aidé un gars, un africain qui ne savait ni lire ni écrire, à écrire une adresse sur une enveloppe, d'après un bout de papier griffonné tout sale qu'il me tendait. Comme je voulais pas perdre ma place dans la file, j'ai demandé au mec de devant si je pouvais utiliser son dos. Il a rigolé et a accepté, un grand noir aussi. Un coup de pôt, je savait écrire dis donc, tu te rends compte ! Parce que, m'ont-il dit, la dame guichetière, elle n'avait pas le temps...

 

 

 

Aimer rendre service. Ce qui n'exige pas nécessairement, comme on l'entend souvent "aimer les gens". Il y a une marge. Jusqu'à leur servir des petits gâteaux pour les remercier d'être venus?. Tu vois, ma Bouille-débrouille-bredouille,  on a une "image" déprofessionnalisée et ça nous emmerde, ce qui est compréhensible. Parce que j'ai étudié pour ça et que si je conseille le Picasso de chez Skira de préférence au Picasso de chez Taschen, c'est grâce à mon professionnalisme. Comme quand je lui apprends à tapoter sur l'opac, c'est grâce à une compétence.

 

 

 

 Mais être c'est être perçu, comme disait chaispluqui. Eh bien si je suis perçu comme un aidant, un écoutant, ça me suffit.

 

 

 

Essaie, tu verras, change de taule si nécessaire, c'est très valorisant, bien qu'on descende un peu de notre piedestal cultureux, ou ce qu'il en reste. Et après ? Bon, évidemment si tu racontes ça à un élu du peuple souverain il risque de mal comprendre (et de mettre une bénévole à ta place :tongue: ), de même que si tu accueilles une petite nouvelle toute fraiche issue de son DUT et de son concours , faut peut être tartiner la chose autrement, pour pas qu'elle s'enfuie en courant la pauvrette. Faut laisser la transition se faire.

 

 

 

 

 

PS. Je ne comprends pas quand tu dis "Des fois je pense que je suis trop privilégiée pour faire bien mon travail." Tu peux developper ?

 

 

 

 

 

 

 

Modifié par Ferris
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Bernard, tu ne me relanceras pas sur ce type de débat, maintes fois rabâché.

Je ne souhaite pas te relancer sur un débat que nous rabâchons, nous, il est vrai. Mais que SandraJ ne connaît pas encore.

Ta courte réponse sur le sujet laissait planer un doute.
Ce doute tu l'enlèves dans ta réponse plus longue.

La violence institutionnelle, on peut aussi la sentir dans le fait qu'une bibliothèque soit une option "facultative". Ce qui permet la fermeture de bibliothèques pour faire des économies. (comme en Angleterre)

On a la même violence avec les intermittents du spectacle. On regarde combien coûte la culture et non ce qu'elle rapporte comme retombées économiques.

Combien rapporte une bibliothèque en termes financiers, avec sa capacité à calmer les esprits, à pouvoir être un lieu de rendez-vous pour les jeunes, plutôt que les voir déconner/dériver dans les rues. On pourrait faire comme les médecins, monter une étude épidémiologique et regarder le taux de délinquance entre les villes qui ont une bibliothèque et celles qui n'en ont pas.

Et d'instituer le bénévolat comme porte de secours institutionnelle a amené à le détourner de ses véritables missions, que l'on retrouve fort heureusement dans d'autres milieux :

N'oublie pas une autre forme de bénévolat : celui d'élu.
Ok, tu as des élus qui sont payés (maire et adjoints). Mais ils sont bien plus nombreux à être bénévoles dans leurs fonctions.


En avoir fait des agents à pas cher,

Gratuit oui !  :tongue:

le lumpenproletariat des bibliothèques, c'est avoir aussi dévalué leur propre rôle et la richesse de ces actions annexes. Ainsi la dévaluation est totale : pour les professionnels comme pour les bénévoles.

Il faut aussi dire que la population ne voit pas le différence.
Soyons crû-el.

Entre un professionnel et un bénévole, quelles différences ?
Tu as une personne qui te prête des livres, qui est plus ou moins amicale et qui fait plus ou moins respecter le règlement intérieur.

C'est tout ce que l'usager voit.

Le travail interne n'existe pas pour eux.
D'ailleurs, ils pensent que nous passons notre temps à lire, et que les livres arrivent tout seuls en rayons.  :wink:

Si tu savais le nombre de personnes qui me disent : mais vous ne vous ennuyez pas ?
D'un air de dire : quel ennui de se tourner les pouces en banque d'accueil.
Ou en étant plus réaliste : qu'est-ce que vous foutez la majeure partie du temps . (= on vous paye à ne rien faire)

Là aussi, ce sont les petites violences du quotidien... si on le prend pour des violences.

Quant à la violence, je suis persuadé que le bénévole qui comprend parfaitement qu'il n'est pas formé et ne sera jamais à la hauteur de quelqu'un qui a fait un DUT ou autre doit aussi ressentir comme une violence le fait qu'on lui fasse jouer un rôle qui n'est pas le sien à l'origine.

Je ne pense pas qu'on puisse se poser la question ainsi.

Un bénévole ne se sent pas inférieur. Il ne joue pas non plus un rôle, il apporte ses compétences. Même si elles sont limitées, elles valent sans problème celles d'un catégorie C assujetti aux tâches de magasinages et d'accueil.

Là, c'est comme si tu me disais qu'un bénévole devrait se sentir mal de ne pas être jardinier, lorsqu'il arrose des plantes ou retourne un bout de terrain.

Par contre, je veux bien te suivre dans l'idée qu'un bénévole pourra se sentir mal si on l'oblige à dépasser ce qu'il peut apporter. Passer à l'informatique, par exemple, oui, ça peut arrêter des carrières de bénévoles.

Devenir conseiller en CV (pour répondre à Bouille), ça demande des compétences... que tout le monde n'a pas. Idem pour l'aide. Je peux aider dans ce que je connais, mais si on vient me demander comment "dépanner le moteur d'une voiture", je vais faire ce que d'autres font : voilà les livres sur les moteurs, j'espère que vous allez pouvoir vous débrouiller seul.

Un exemple récent qui montre comment on les "coince" finalement, en les ayant mis dans un costume qui n'était pas le leur : augmenter les heures d'ouverture.

Je ne sais pas si on les coince, où si on s'aperçoit enfin que les bénévoles ne sont pas la solution pérenne à un véritable service bibliothèque. Idem avec les intercommunalités.
On touche aux limites du bénévolat. Le bénévole apporte ses compétences locales, ce n'est pas un esclave corvéable à merci.

Si on veut mieux, il va falloir y mettre les moyens.
Et si tu as des gens coincés, ce sont les élus, pas les bénévoles.

Les bibliothèques bougent, les métiers changent, et les bénévoles/agents low cost doivent suivre, comme ça, ou être montrés du doigt comme une force d'inertie et d'immobilisme à terme ?

Certains suivront. Mais si le métier devient trop technique, par exemple, si tous les documents passent en numérique, quel besoin des bénévoles ?

Quel besoin de bénévoles en EPN ?
Sauf s'ils sont formés, aucun.
 

Nos technocrates locaux sont un peu embêtés d'ailleurs: ils constatent, découvrent naïvement, que le bénévoles ne souhaitait œuvrer que dans le cadre de son village...Tardive découverte.

Tu veux dire qu'ils sont plutôt aveugles, non ?  :angel:

Est-ce que eux se déplacent d'un bout à l'autre de l'intercommunalité pour gérer les problèmes d'autres communes ? Est-ce qu'ils peuvent prendre des décisions pour les maires d'autres communes ?

Ne jamais se tromper d'ennemi...

Je ne me trompe pas d'ennemis.

Je dis simplement que les bénévoles préparent le terrain des professionnels. Ils ne prennent pas la place, ils défrichent, et pour certains d'entre eux deviennent professionnels.

Me dire "Violence institutionnelle : le bénévolat, qui remplace officiellement les agents dans leurs missions de base", c'est une vision déformée de la réalité.

Le bénévolat pallie une carence des élus et/ou une carence financière. Là aussi, en zone rurale, quand les moyens n'y sont pas, on fait comment ?

Et sans croissance de population, ils n'y seront jamais (sauf maire pro-actif bibliothèque, voire interco qui augmente de facto la population)
 
Dénoncer le bénévolat comme système n'est pas une attaque contre les personnes.

Quelque part, si. (au moins dans la version courte)

Car tu ne touches pas aux causes profondes qui impliquent le bénévolat : les ressources financières manquantes, ou l'absence de volonté politique. Politique ou absence de volonté de la population : pourquoi y a-t-il encore des villes de 10 000 habitants sans bibliothèque municipale ?
Est-ce qu'il y a seulement des candidatures bibliothécaires vers ces municipalités ?

Et allez, soyons violent.

Si tu veux qu'on pousse le débat bénévolat dans les orties, je pourrais te dire que je ne comprends pas pourquoi les BM ne sont pas toutes gérées par les BDP.
Que des professionnels répartis dans une grosse interco-départementale, ça résoudrait tous les problèmes de bénévolat et d'embauches/concours, et aussi toutes les ingérences des municipalités.

La solution du future elle est là.

Pourtant, pas sûr que beaucoup acceptent d'être déplacés d'un bout à l'autre du département, comme des pions, avec des horaires Yo-Yo. Ce qui est une réalité et une violence cachée des intercommunalités. (et je te remercie d'avoir attiré mon attention sur ce sujet :thumbsup:)
   Bernard
 

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Bonjour,


 


Pour commencer, comme Bouille, si on me demande si j'ai vécu de la violence en bibliothèque, je pense aux atteintes physiques. Limite en caricaturant, je pense cité, banlieues, bibliothèques qui brûlent etc.


La plus proche expérience que j'ai vécue était dans le cadre d'une bibliothèque hors les murs. Bon on avait senti l'orage venir (le vrai, et l'excitation qui va avec), et après que quelques ballons / boulet de canon aient (par hasard ?) traversé le tapis de lecture et manqué de peu les lecteurs, on avait décidé de ranger. bref, tout nos livres étaient dans les caddie quand les tables et le matériel des Petits Débrouillards à coté ce sont mis a valser. C'est allé vraiment très vite. la violence première venait peut être de nous alors, puisqu'on me l'avait dit, quelques semaines avant : "ici t'es pas chez toi !". C'est sûr, si l'opération "animer la vie en bas des tours au mois d'août" était vécue comme une invasion ... ça pose aussi le problème de l'absence de médiation de la part du centre de loisirs qui nous avait demandé d'intervenir....


 


difficile à accepter, difficile de répondre calmement et clairement aussi, mais que je ne considère pas comme de la violence : la collection de petites remarques insidieuses à l'encontre des fonctionnaires en général. Cela vient plutôt des catégories plus aisées en général, certaines qui comparent aux services privé et ne comprennent pas pourquoi on ne se met pas en 4 pour satisfaire leur désirs, pourquoi on leur demande de commencer à quitter la bibliothèque un peu avant la fermeture, et d'ailleurs pourquoi on est fermé le matin alors qu'on est là....


 


@Bouille


Plutôt d'accord avec Ferris. Pourquoi je suis bibliothécaire ? Parce que je veux aider mais que je ne suis disposé ni à être prof ni a être assistante sociale. On a face à nous des individus, pas des élèves, pas des cas sociaux. Ils ont des demandes, on fait ce qu'on peut pour les aider à faire eux même. Ok, dès fois, la limite est tenue et elle dépend parfois de notre disponibilité (en temps ou en humeur). entre balancer la cote dans les dents d'un gosse et faire pour lui un exposer, ça va de donner le bon document sans commentaires à  initier un peu à la démarche documentaire, monter le sommaire et l'index, rassurer le gosse sur le niveau de ce qui est demandé.


 


sinon, Ferris et Bernard, vous ne voudriez pas revenir causer sur le fil consacrés aux bénévoles ?


j'y vais de ce pas.

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Si tu as raison Michmaa. Je viens de déplacer le post 27. tout en le doublant ici puisqu'il parle de violence. Dès que Bernard aura fait idem pour le post 28, je déplacerai le 29, puis on passera aux 31, 32, 33. On saute Bouille, si je puis dire. A toi de jouer Bernard.


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En BU sans doute moins de violence qu'en BM, mais quelques incivilités d'étudiants ou de profs qui peuvent piquer de grosses colères (pas forcément contre nous mais c'est nous qui recevons les plaintes pour tout et n'importe quoi, des retards de périodiques aux problèmes d'emplois du temps des cours en passant par les tarifs des photocopies).


Un exemple de problème (ma carrière est encore toute petite) : chez nous on s'est aperçu que les étudiants masculins africains étaient souvent très condescendants avec les bibliothécaires femmes, du coup on les envoie direct chez notre collègue masculin (de l'utilité d'avoir des hommes en bibliothèque) et avec lui ils adoptent tout de suite une autre attitude...


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Nantes. Les bibliothèques en grève en raison des « incivilités »  http://www.breizh-info.com/11817/actualite-societale/nantes-les-bibliotheques-en-greve-en-raison-incivilites/ et http://www.miroirsocial.com/actualite/10102/nantes-preavis-de-greve-illimitee-dans-les-bibliotheques , et même à  Genèvehttp://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/La-Ville-traque-les-incivilites-subies-par-ses-employes/story/26028532

 

 

(...)En cause, en réalité, la violence au quotidien subie par le  personnel qui réclame la création de postes dédiés à la sécurité  car « les problèmes d’incivilité s’installent de manière alarmante et pérenne dans les bibliothèques ».

 

 

Déjà en octobre 2013 les  agents des bibliothèques de Nantes avaient manifesté  lors de l’inauguration de la médiathèque Lisa Bresner. Ils dénonçaient alors la détérioration de leurs conditions de travail, la recrudescence des « incivilités » et protestaient contre une municipalité qui avait choisi de « rentabiliser l’humain en exacerbant la polyvalence et la mobilité du personnel et le recours à des personnels précaires et corvéables à merci (...)

 

 

« Cela peut être de l’attentat à la pudeur,  des agressions verbales ou gestuelles sur d’autres usagers, des vols. Des tablettes ont disparu et des ordinateurs ont été cassés » Et il conclut dans un bel exemple de langue de coton : « C’est le quotidien des bibliothécaires de gérer des relations parfois difficiles avec les usagers, mais cela devient difficile à réguler » !

 

Voir aussi ce questionnaire-enquête sur les incivilités : https://docs.google.com/forms/d/1flVSh-Ej4eqbjqfL_wLGqUTkx1MpZTgqvw01cIxmphQ/viewform

 

 

Modifié par Ferris
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Bonjour,


 


merci à tous pour vos retours et vos liens divers. Merci à Ferris pour son animation sans faille du forum.


Par ailleurs je remercie Bouille pour son scepticisme bienvenu. 


Je vois bien qu'il y aurait quelque chose à faire sur les violences manageriales et des questions de métiers et d'évolution du métier mais j'ai effectivement eu assez peu de retours sur ces questions. Peu de personnes souhaitent s'exprimer.


Mon sujet s'est donc recentré sur les violences par les usagers envers les personnels ou d'autres usagers, sujet pour lequel j'ai déjà eu des retours via ce questionnaire https://www.sondageecho.com/Echo/Questionnaire/4770/62-Violence_en_bibliotheque-1


Vous pouvez y répondre jusqu'au 31 juillet. Je m'engage à fournir un retour à la fin de l'année. Je garantie l'anonymat aux les personnes qui le désirent.


 


SandraJ


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  • 5 months later...

Un peu tard pour témoigner ? Tant pis ! :wink:


 


Violences au moment de mon embauche en bibliothèque, il y a 16 ans : sur-diplômée, et "exploitée" à couvrir les livres du matin au soir, mais il fallait bien travailler ... J'en ai tiré une bonne connaissance du circuit du livre et des tâches matérielles, qui me servent toujours, maintenant que j'ai passé des concours, accumulé de l'expérience, et que je suis à la tête d'une équipe.


 


Violences dans le relationnel avec les usagers : j'ai bossé des années en région parisienne, dans le 93, et j'en ai vraiment bavé. Violences face aux groupes d'ados malgré toute notre bonne volonté et nos actions. Caillassage de la vitrine de la médiathèque, pneus crevés, agressions physiques. C'est la grande époque où on ouvrait des médiathèques dans le 9.3 avec systématiquement des vigiles à l'entrée, sauf dans les annexes de quartier, où il fallait se démerder pour ne pas énerver les dealers qui cachaient leur came sur le toit de la médiathèque. Un soir, nous avons été obligés de nous enfermer à l'intérieur, et d'enfermer les usagers, en attendant l'arrivée de la police. Aujourd'hui, j'officie en province, et à mon arrivée, j'avais l'impression d'être à Disneyworld :P Mais il y a des violences qui restent douloureuses, en premier lieu les usagers qui se comportent comme de désagréables clients. Heureusement, j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à accueillir le public, et j'ai une équipe qui fait vraiment de la convivialité sa priorité. Notre équipement est chaleureux, et on désamorce les clashs assez vite. Il nous reste un certain nombre d'usagers avec qui c'est difficile : drogue et alcool compliquent les rapports humains. On est aussi un secteur proche d'un hôpital psychiatrique, et il y a un certain nombre de malades en régime de "semi-liberté" qui fréquentent notre structure. C'est à la fois gratifiant et parfois compliqué : avec les traitements et les pathologies, les échanges sont parfois tendus.


 


Violences par rapport à la vision du métier : la nôtre, celle des usagers, de nos élus, des collègues. Se battre pour voir reconnues nos compétences, respectées nos missions. Faire évoluer les pratiques, les voir reculer. Je suis très amoureuse de mon métier, mais parfois pas loin du burn-out. Nos missions sont de plus en plus diversifiées (tant mieux), mais sans moyens supplémentaires (aïe !), et on sent qu'on est sur la sellette. Une violence que je trouve sans amélioration depuis 15 ans : les bibliothécaires ne sont toujours pas considérées comme des professionnelles, avec un métier spécifique, des compétences particulières, ... La bibliothèque, c'est toujours l'endroit où on reclasse le personnel sans qualification dont on ne sait que faire. La bibliothèque, c'est toujours l'endroit où on dit au personnel "comme ça doit être chouette de passer ses journées à lire !" :blink: Et ça pour le coup, ça n'a pas du tout évolué ! Nous avons sûrement une part de responsabilité dans tout ça, mais je n'ai toujours pas trouvé comment résoudre cette incompréhension.


 


Violence par rapport au rythme de travail : je me sens de plus en plus submergée, par la facturation, les conventions, contrats, gestion du site, de la page FB, de la communication, des projets d'animation, des partenariats, des plannings de l'équipe, de la réflexion sur la politique documentaire, ... J'ai beau me dire qu'il faut que je parvienne à supprimer certaines de ces tâches, je n'y parviens pas. Mon travail est celui d'un manager, d'un maquettiste, d'un webmaster, d'un ... agent d'entretien ! (je vais faire le ménage à compter du 1er janvier). Sans misérabilisme, je sens vraiment que malgré ma grande capacité de travail (je suis du genre speed-efficace-grosse bosseuse), je craque !


 


Violence par rapport aux élus : les changement d'équipes municipales, de tendances politiques, sont des choses très difficiles à vivre. Etre instrumentalisé par les uns, ignoré par les autres. Le fonctionnaire reste, assure la continuité, et dans un service public comme la médiathèque, il faut garder le cap, rester neutre, transmettre ses objectifs dans la continuité.


 


Violence par rapport à la hiérarchie : quand le supérieur est sensible à la question globale de la "lecture publique", tout va bien. Mais quand il considère que c'est juste du superflu, et est aveugle aux difficultés, aux réussites, aux missions, que fait-on ?


 


Bon, j'arrête là, mais je peux en trouver d'autres ... :angel:


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Ah oui, une autre de violence (plutôt un clin d’œil), qui m'est restée en travers de la gorge en juin dernier :


La violence d'être une petite médiathèque de province, qui n'a pas les moyens de se payer l'adhésion à l'ABF, ni l'entrée au Congrès pourtant super intéressant, ni le déplacement à Paris. Quelle frustration, quel dépit ! :no:


Modifié par Eugenie
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Excuses-moi Eugénie, mais je vais te titiller un peu. Tu ne décris pas des violences mais ton métier , et le nôtre, ainsi que fonctionnement de la fonction publique et son image négative. Nous sommes tous d'accord la-dessus. Ce qui m'étonne dans ton parcours, qui fut le mien et celui de beaucoup, c'est que tu as commencé en bas de l'échelle "a couvrir des livres" (c'est une violence ?) puis tu as fait carrière en passant des concours etc...et tu te retrouves cheftaine, avec toutes les missions d'une cheftaine. C'est une violence ? Non, c'est ton choix. Et puis ta description de ces tâches qui te font friser le burn out m'étonne un peu : tu ne délègues rien ? A te lire on dirait que tu es toute seule. :blink:


 


D'accord avec toi sur l'adhésion à l'ABF et l'entrée au congrès . Ce n'est pas une violence c'est un scandale !  :D


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Titille, Ferris, titille :yes: ça me semble être plutôt constructif !


 


Je me suis sans doute mal expliquée :


- la violence à mon arrivée dans la FP était liée à ma surqualification, au regard des tâches qui m'étaient confiées : accepter de faire des choses strictement manuelles du matin au soir, alors que j'avais fait de longues (et inutiles) études. L’inadéquation entre mes compétences potentielles, et ce qui en était fait, ce que j'étais obligée d'accepter pour trouver du travail. Pour mes collègues, je pense que ça a été difficile également. "Que fait-elle sur ce poste ? Elle prend le boulot de quelqu'un d'autre !". Fort heureusement, j'adore les activités manuelles :tongue: , mais surtout, rapidement, le responsable de la structure m'a confié d'autres missions. Je ne regrette rien, je le répète : j'ai gardé cette vision globale des missions d'un équipement, sans jugement de valeur sur l'importance de ces tâches très différentes, du manuel à l'intellectuel (je schématise). Mais à l'époque, ça n'a pas toujours été facile à accepter ou faire accepter.


 


- tu as raison sur "tu es cheftaine, c'est ton choix" : il n'est pas inutile de se l'entendre dire ... :blush:


 


- sur le fait de déléguer : nous sommes une toute petite équipe, constamment à flux tendu. Une seule personne en secteur jeunesse (qui accueille les groupes, assure le service public, les commandes en jeunesse, tout le circuit des documents en jeunesse (matériel comme informatique), les animations. Idem en secteur adulte. Idem à la ludothèque (elles sont 2 mais avec des missions bien remplies elles aussi). Quant à moi, je les remplace dès qu'elles sont absentes (jamais malades miraculeusement, mais en congés). Je passe plus d'un tiers de mon année à les remplacer à leur poste. Sinon on ne peut pas ouvrir : le maximum de notre équipe, c'est le minimum pour ouvrir. Par ailleurs, notre surface (plus de 800m²) comme nos prêts annuels (plus de 75000 en 2013) indique nous devrions théoriquement être dans la moyenne de 7,4 postes : on en est très loin, et ça n'arrivera jamais. Enfin, certaines compétences ne sont pas partagées, et certaines missions m'incombent du fait d'une collectivité qui ne dispose pas du personnel compétent :


= il n'y a pas de service communication ou de boite privée payée pour, donc je fais tous les supports de comm et d'information de la médiathèque (et mes collègues en serait incapables, word étant leur seul ami),


= il n'y a pas de webmaster, ni de boite payée pour, et il faut quand même savoir bidouiller un minimum : c'est pour ma pomme


= il n'y a pas de vrai service financier et chaque service fait lui même une grosse partie du taf (la M14 n'a pas de secrets pour moi)


= tout le secrétariat lié aux conventions, contrats, courriers divers m'incombe


= j'arrête là ma liste, tu vois le tableau. Clairement pour alléger, je n'ai pas la marge de déléguer (ou très peu), mais plutôt de faire l'impasse sur un certain nombre de choses, abandonner certaines ambitions en matière d'animations (autre exemple : je n'ai pas de budget animations, donc on fait tout nous-mêmes, et c'est extrêmement chronophage). Je vais devoir en passer par là, et l'arrivée des NAP, puis de cette nouvelle question du ménage, précipitent les décisions à prendre. Mais c'est un crève-coeur de voir que malgré nos projets et nos envies, nous allons regarder notre établissement dépérir et perdre son dynamisme (plus aucun investissement d'aucune sorte, des besoins en augmentation, un fonctionnement en baisse constante, du personnel malmené : je suis lucide, ça va se payer).


Et ça, c'est drôlement violent à encaisser. :no:


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Ah oui, une autre de violence (plutôt un clin d’œil), qui m'est restée en travers de la gorge en juin dernier :

La violence d'être une petite médiathèque de province, qui n'a pas les moyens de se payer l'adhésion à l'ABF, ni l'entrée au Congrès pourtant super intéressant, ni le déplacement à Paris. Quelle frustration, quel dépit ! :no:

 

Une suggestion: si vous êtes adhérente à l'ABF, vous pouvez demander une bourse à votre groupe régional pour aller au congrès (inscription offerte, défraiements possibles); vu le thème de 2015, ça tomberait plutôt bien, non ?

Il y aura peut-être moyen de négocier avec votre collectivité pour y aller sur votre temps de travail et pas sur vos congés ?

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@Eugénie


 


C'est plus clair comme ça. D'autant plus qu'en situation communale, j'étais aux mêmes chiffres de prêts et surface, mais à effectif de 6 (mais on n'avait pas de ludothèque). Et je me tapais aussi les marchés et conventions de A à Z. Pa contre on avait un service comptable et un service communications compétents, ça aide. Le problème dans ces foutues tâches administratives ce n'est pas de les faire seul c'est de savoir qu'on ne trouvera aucune aide préalable dans sa collectivité, aucun accompagnement, donc avec le risque de se planter et d'avoir à refaire. Et ça c'est une violence, effectivement.


 


Je suppose que tu comptes 7.4 en fonction de la population desservie sur la fameuse base de 1 agent pour 2000 hab. Je pense que cette base de calcul est mauvaise : la réalité prise en compte devrait être la fréquentation hebdomadaire.


Nous, on avait défini le minimum pour ouvrir à 3, en situation accidentelle. Avec une fréquentation moyenne de 700 personnes par semaine dont 49% d'emprunteurs. Heureusement cela ne s'est quasiment jamais produit, mais c'était toujours une épée de Damoclès au dessus de la tête (il suffit d'un cumul congé, stage + arrêt maladie et c'est parti).Tout dépend aussi du jour où ça arrive, il y a des mercredis ou des samedis où ç'aurait été impossible, c'est certain.


 


Mais bizarrement je n'ai jamais vécu ça comme une violence. Tendu oui, pas facile parfois, mais faisant partie du jeu. Toutes les bibs que je connais sont en sous-effectif, donc je finis par considérer cette situation comme partie intégrante de notre métier, une donnée comme une autre. D'autant plus que j'ai commencé tout seul et dans une ville de plus de 7000.  Le misérabilisme est une de nos constantes professionnelles. Après, c'est une question de ressenti personnel je suppose. Le problème c'est qu'avec les baisses budgétaires, la masse salariale de certains services devenant la variable d'ajustement, on va commencer à sentir le vent du boulet...du moins pour les moins bien lotis d'entre nous.


 


Ceci dit il faut aussi avoir la capacité de faire comprendre aux élus qu'avec ça ils n'auront pas de création de services supplémentaires. Et c'est un peu la situation dans laquelle tu vas te trouver avec un réel de 12h en moins (et du personnel stressé c'est probable), s'ils persistent dans cette aberration. Toute la question sera : est-ce que l'on peut même conserver tous les services actuels ? La violence budgétaire n'est pas sans conséquences, on est d'accord. Et on en reparlera souvent ces prochains temps dans http://www.agorabib.fr/index.php/topic/2166-budgets-en-baisse/


 


Bon Noel Eugénie :) 


 


NB; Je vois que ton avatar témoigne d'une forte propension au titillage ! J'adore.

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  • 2 weeks later...

 

Je suppose que tu comptes 7.4 en fonction de la population desservie sur la fameuse base de 1 agent pour 2000 hab. Je pense que cette base de calcul est mauvaise : la réalité prise en compte devrait être la fréquentation hebdomadaire.

 

Non, en fait, je me rapportais aux moyennes des stats DLL en fonction de la population (pas forcément plus pertinent, mais c'était pour avoir un élément de comparaison).

 

Belle année !

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