olivier.riomco Posté(e) le 7 mai 2016 Share Posté(e) le 7 mai 2016 Bonjour à vous, grand(e)s sages de l'agorabib, Une question toute bête (qui a peut être été déjà posée mais je n'ai rien trouvé avec le moteur de recherche) : Concernant les secteurs d'acquisition, pensez-vous qu'il vaut mieux : - Faire tourner les responsables de secteur chaque année ou tous les 2 ans, afin d'avoir un regard neuf sur les collections, et d'éviter le phénomène d'appropriation des fonds ("c'est mon bébé") - Laisser les personnes qui le souhaitent s'occuper d'un secteur pendant plusieurs années, faire des formations sur le sujet, afin de devenir de véritables spécialistes et conseiller au mieux les usagers ? Ahah, pas si simple en fait, hein? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ixchel Posté(e) le 7 mai 2016 Share Posté(e) le 7 mai 2016 Bonjour, Je pense que si il y a un travail transversal fait sur la politique documentaire à l'échelle d'une structure avec tableaux de suivi, compte à rendre etc... il n'y a pas forcément besoin de faire tourner les acquéreurs tout le temps, et ça évite le côté trop personnalisé et trop émotionnel de la gestion de fonds. Me semble-t-il.... De plus il faut quand même un peu de temps pour avoir une bonne vision du fonds existant et des orientations à proposer lorsqu'on gère un domaine particulier. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 8 mai 2016 Share Posté(e) le 8 mai 2016 Bonjour Voilà une question moins simple qu'il n'y paraît. Exact. Voyons voir à chaud, ce que je penserais de cette organisation si je devais y travailler. Car il s'agit bien d'une organisation. Changer de secteur au bout d'un an (ou deux)... afin d'avoir un regard neuf. Hum. Première question : que peut-on faire en un an ? En particulier quand on n'y connaît rien dans un domaine. Réponse : pas grand chose. Si le domaine me botte : un petit quelque chose. Sinon : moins que grand chose. Que se passe-t-il au bout de l'année ? Comment sont "choisis"/ attribués les secteurs ? A qui ? Sous quels critères ? Y aura-t-il bagarre ou conflit pour obtenir les secteurs convoités, et rejet au maximum des secteurs de peu d'intérêt. Je fonctionne peut-être bizarrement, mais durant l'année en cours, je jouerais d'entrejambes et de formations pour le secteur que je vise. Et non pour le secteur qui est à ma charge, hormis s'il me plaît. Sauf que se former pour un an. Bof ! Bof ! Et si je ne l'ai pas, aïe, aïe, aïe. (Bon, je ne vais pas non plus pousser le homard dans la casserole, après tout ça ne dure qu'un an. En un an, on peut aussi assurer le minimum syndical, suivre les séries entamées et pour le reste acheter n'importe quoi... de toute façon, c'est le suivant qui écopera du résultat. ) Si je dois quitter un secteur qui me plaît et pour lequel je suis devenu performant, je ne vais pas regarder la fin de l'année avec plaisir. Tout ce que j'ai bâti sera perdu, en particulier si quelqu'un de peu motivé par ce secteur le prend en charge. Première conclusion. Cette organisation de renouvellement ne me semble pas pertinente, car elle envoie un signal fort : que je me défonce ou pas, ça ne changera rien au bout du compte. Alors pourquoi se défoncer ? Et par la suite, comment accueillir un lecteur qui viendra vous demander conseil sur le manga, par exemple, alors que ce n'est plus votre secteur ?- Désolé, ce n'est plus mon secteur avant l'année... euh... 2020 ? On a donc loupé quelque chose en route. On est parti sur une mauvaise fondation. La mauvaise base classique : on a oublié le public ! Donc autre question : - En combien de temps puis-je conseiller des livres de mon secteur au public ? D'après mes propres mesures, et dans les domaines qui ne m'intéressent pas particulièrement ou que je n'ai pas le temps d'explorer, c'est environ quatre ans. (Le temps de voir ce que les gens empruntent en priorité, de lire un peu ce qu'ils lisent... et donc ce qu'ils apprécient.) A ce niveau, on se rend compte que la question initiale est mauvaise. On ne doit pas jouer à "c'est mon bébé" mais, oui tu as raison Olivier, en combien de temps puis-je conseiller des documents dans mon secteur ? Et ce qui lui est collé comme un frère siamois : si je ne suis pas là, qui me remplace dans l'aide et conseil aux lecteurs ? Là, on touche au défaut du spécialiste. Si le spécialiste n'est pas là ou part en vacances, on perd une partie de la bibliothèque. Il y en a d'autres. Mais regardons d'abord les avantages du spécialiste. - Première idée, toute bête : un spécialiste on peut le recruter, il est immédiatement opérationnel. (il peut conseiller tout de suite). - On bénéficie d'un coup de huit-dix ans d'expérience dans le domaine. (c'est le temps qu'il faut pour former un vrai spécialiste) - Connaissant son domaine, ses acquisitions seront plus pertinentes que celles d'un généraliste. - D'un seul regard, il saura si elle convient ou non au public ciblé. - Avec quelques données, il peut aiguiller un lecteur qui vient demander pour son fils, sa fille, son petit-fils ou sa petite-fille qui n'est pas là et trouver un document adéquat. - De la même manière, il peut retrouver un titre rien qu'en entendant l'histoire ou la description de la couverture. - Autre avantage, il est motivé pour tirer le meilleur de son secteur. (même hors de son temps de travail.) - Il peut devenir personne ressource et créer des documents à destination des lecteurs. On reconnaît un spécialiste aux documents qu'il produit dans son domaine. C'est exploitable sur le Web. Il peut devenir un nom. Un nom accolé à celui d'une bibliothèque, ça aide à une certaine notoriété. Si on prend l'analogie avec un restaurant. Un restaurant sans spécialité, ça s'appelle un fast-food. C'est sans âme, bon - peut-être - mais sans cachet. Tous les grands restaurants ont une spécialité. L'avantage et le désavantage contigus sont : - On sait pourquoi on y va, mais il n'y a peut-être pas de surprise. C'est le revers du problème : le spécialiste n'arrive plus à voir la nouveauté et oublie qu'il doit créer la surprise. Soit ne pas rester sur ses acquis, rester un éternel curieux de son domaine. Est-ce que, manager, je laisserai dormir un spécialiste dans son coin ? Non, un spécialiste a besoin d'être confronté, a besoin de repenser sa fonction de spécialiste, de répondre à des questions... pour étendre sa toile de connaissances et rester vivace dans son domaine. Il peut le faire s'il est obligé de former ses collègues. (ses collègues ou des lecteurs, des collègues extérieurs) Il peut le faire si les collègues lui demandent des documents de leur secteur dans son propre domaine. (exemple des BD en histoire ou géographie) Ceci pour établir des ponts, des interconnections entre secteurs. Pour éviter l'effet "mon bébé", il existe une solution évidente. Le binôme croisé. Chaque personne a en charge deux secteurs, et non un seul où il est roi intouchable. C'est de la diversité que naît le vrai choix... pour les lecteurs. Le regard croisé permet cette diversité. Le binôme croisé possède l'avantage de conserver l'intérêt du spécialiste dans sa spécialité, et l'obligation d'aller fouiller dans celle de l'autre. De voir, découvrir ses centres d'intérêts, et par la suite de rester vigilant sur une ressource documentaire qui pourrait intéresser l'autre. On ne perd pas l'acquis, on l'enrichit par de nouvelles approches. Devoir expliquer sa formation à l'autre en double la valeur. On ne travaille plus exclusivement pour soi, on travaille aussi pour l'autre, pour d'autres. Et donc pour les lecteurs. C'est un point crucial, à ne pas oublier. Le public. La collection n'est rien sans ceux qui en ont l'usage. Et bonus, de binôme, on peut changer tous les deux ans sans problème. C'est là une manière de renforcer les équipes, de les obliger à s'échanger leurs trucs et astuces d'acquéreurs et d'en tirer le meilleur. On travaille ensemble et on ne se bagarre pas pour obtenir le secteur convoité. En cas d'absence, on a un référent secondaire qui peut s'occuper du secteur et répondre aux questions et demandes. Pour le budget d'acquisition, ce serait 2/3 et 1/3. Deux tiers pour le spécialiste du secteur et un tiers pour le binôme de l'année, afin qu'il y ait discussion entre les acquéreurs. Sans contrainte, chacun peut rester dans son coin. Ce n'est pas le but de la manoeuvre. Bernard Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 9 mai 2016 Share Posté(e) le 9 mai 2016 (modifié) supprimé Modifié le 31 juillet 2019 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
olivier.riomco Posté(e) le 10 mai 2016 Auteur Share Posté(e) le 10 mai 2016 Je vous remercie beaucoup pour toutes ces réponses, j'ai déjà pas mal de grain à moudre. C'est beaucoup plus clair pour moi, maintenant. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Caramel Posté(e) le 10 mai 2016 Share Posté(e) le 10 mai 2016 Je plussoie la réponse de Bernard, il y a un grand intérêt aux spécialistes mais ne pas les laisser tout faire tout seul pour qu'ils n'oublient pas le public et se remettent en question. Après selon la taille des équipes, c'est fonctionnement en binôme/trinôme ou acquisition en équipe pour les plus petites équipes. On peut aussi segmenter commande de fonds et commande de nouveautés. Par exemple charger des binômes pour le suivi des fonds et faire en équipe les commandes de nouveautés. En plus, comme on l'a dit, le binôme (ou le trinôme que je préfère) permet de faire tourner sans perdre le travail qui a été fait. Ce qui est important aussi, c'est de rédiger les grandes orientations du fonds et les plus petites aussi. Garder une trace de pourquoi on continue plus telle série, pourquoi on prend les routards qu'une édition sur 3 sauf pour l'Europe, etc. Et bien entendu, ceux qui travaillent sur les commandes d'un fonds, sont aussi ceux qui le pilonnent, il ne faut pas dissocier les deux et voire aussi ceux qui cataloguent / exemplarisent. Et comme dit Ferris, dans tous les cas, on ne peut pas travailler cloisonner. Typiquement documentaires adultes et jeunesses, sont un même fonds avec plusieurs niveaux d'informations. Il y a bien des documentaires qui pourraient aller dans plusieurs fonds (ceux à qui on met pleins de vedettes matières ) et puis pour les fictions, si on a cloisonné les collections, il y a des auteurs qui peuvent être à plusieurs endroits ou rassemblés selon les cas et auxquels cas, ça se décide en transversal aussi. Après bien sûr, il faut composer avec l'équipe, le passif, les personnalités, les gens qu'il faut remotiver (ou essayer encore de les motiver, par déontologie ) Ce ne sont pas des questions simples, il faut éviter à la fois l'écueil du pré carré et du sur spécialisé qui n'a plus la vision d'ensemble et à la fois l'écueil des commandes sans cohérences d'une fois sur l'autre, qui font des collections disparates avec des manques. Un fonds laissés à l'abandon même 3/4 ans peut être complètement à refaire. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Awwavez Posté(e) le 4 juin 2016 Share Posté(e) le 4 juin 2016 Le 9/5/2016 à 16:04, Ferris a dit : Le suivi des collections est fondamental pour une bonne qualité de service. Par ailleurs il ne faut pas mélanger les choses : ce n'est pas le phénomène d'appropriation d'un fonds ou d'un secteur qui est mauvais en soi c'est sa dérive vers un désintérêt pour les autres fonds. En termes de motivation, de conduite de projet, de vision à long terme etc...le suivi d'un fonds par une même personne est une bonne chose. Mais réduire son horizon à son fonds en oubliant qu'on appartient à un service public dans son ensemble c'est dangereux car c'est oublier qu'on travaille en équipe. Il y a toujours des passerelles possibles entre les secteurs. Et le public nous monte la voie dans ce domaine. Comment ignorer dans une politique documentaires le suivi des documentaires jeunesse et des documentaires adultes par exemple, comment se désintéresser des livres et revues musicales et au-delà sous prétexte qu'on s'occupe de la discothèque ou des DVD etc...A terme, toutes ces passerelles étant acceptées et reconnues, on peut aller vers un certain pourcentage d'acquisitions concertées. Et là on est dans la gestion d'équipe. L'écueil commun de ce système est de créer une ultra spécialisation des bibliothécaires. Le système d'espace à lui aussi le même problème mais de manière inverse. Il créer des généralistes. Ce sont les systèmes qui ne fonctionnent pas et qui créer une certaine résignation chez certains collègues. Après suivant les talents de managements ces écueils peuvent être évité. Je ne comprends pas ce que tu veux dire par acquisitions concertées ? Le 7/5/2016 à 11:51, olivier.riomco a dit : Bonjour à vous, grand(e)s sages de l'agorabib, Une question toute bête (qui a peut être été déjà posée mais je n'ai rien trouvé avec le moteur de recherche) : Concernant les secteurs d'acquisition, pensez-vous qu'il vaut mieux : - Faire tourner les responsables de secteur chaque année ou tous les 2 ans, afin d'avoir un regard neuf sur les collections, et d'éviter le phénomène d'appropriation des fonds ("c'est mon bébé") - Laisser les personnes qui le souhaitent s'occuper d'un secteur pendant plusieurs années, faire des formations sur le sujet, afin de devenir de véritables spécialistes et conseiller au mieux les usagers Cette question est éminemment politique. Je suis très islandais pour ce qui s'agit de la réponse. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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