Dominique Girod Posté(e) le 21 janvier 2020 Share Posté(e) le 21 janvier 2020 Bonjour, Je suis bénévole dans une bibliothèque municipale gérée par une association. Nous sommes dans un village microscopique (environ 300 habitants) et nous avons énormément de mal à mobiliser les familles pour venir aux animations. Nous ciblons principalement les enfants jusqu'au CM2. Nous proposons des tapis-lecture, des projections, un après-midi consacré à la fête de la science, des ateliers d'initiation à la programmation SCRATCH. A chaque manifestation nous informons les familles individuellement par un courrier dans les boîtes aux lettres et souvent un affichage sur le panneau municipal. Parallèlement, nous organisons un défilé pour Halloween et une chasse aux oeufs. Pour ces deux événements-là les familles se déplacent. En 2019 nous avons eu aussi une bonne fréquentation pour la fête de la science. Mais pour tout ce qui est culture "artistique" c'est très moyen. Nous avons essayé plusieurs créneaux horaires mais ça ne change pas grand-chose. Je suis preneuse d'idées pour faire venir d'avantage de gens à nos animations. Nous avons un retour positif de ceux qui viennent, mais généralement ça se limite à 4-5 enfants. Dominique Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 21 janvier 2020 Share Posté(e) le 21 janvier 2020 Bonjour Est-ce que vous offrez des goûters lors de vos animations ? (attention, avec toute la problématique des intolérances possibles) Et est-ce que les enfants peuvent emporter quelque chose chez eux ? (qu'ils pourraient montrer à l'occasion aux autres enfant de leur âge) Sinon, vous pouvez tenter un après-midi jeux de société en famille, jeux vidéo (artistiques) en empruntant du matériel à votre BDP, ou avec un/une bénévole qui s'y connaît un peu. En tout cas, j'espère que d'autres répondront. Je cherche aussi le secret et, dans mon cas, ce serait bien si nous avions juste 4-5 enfants par animation. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Jeanne Hissère Posté(e) le 21 janvier 2020 Share Posté(e) le 21 janvier 2020 Bonjour, Faire en sorte que tes animations rameutent du monde n'est pas simple, surtout dans une petite commune comme la tienne. Je pense aussi qu'avec 300 habitants, il est aussi normal que tu ai moins d'enfants que sur une ville de 18 000 habitants, c'est proportionnel. Le public il faut le fidéliser et c'est parfois long, d'autant que chacun a ses propres contraintes qui peuvent très vite varier. Donc il ne faut pas se décourager ! Si tu n'as pas de public sur une lecture pour tout petits pendant trois mois, tu peux avoir soudain 20 enfants pour les mois suivants ! Je ne sais pas depuis combien de temps tu es bénévole mais il ne faut pas desespérer. Alors je vais te donner des pistes mais il se peut que je sois dans le faux, c'est simplement mon avis pro sur la question. Dans un premier temps, il faut vraiment cibler des animations, tu as une petite commune, si tu en fais trop, tu va disperser ton public et forcément tu en aura moins à chaque animation. Autant faire moins mais avoir une réponse. Quitte à ne pas toucher tous les publics, il faut donner une visibilité à ta médiathèque et ça ça passe par la qualité des animations. Si le défilé halloween, la chasse aux oeufs et la fête de la science fonctionnent, c'est parce que ce sont des évènements culturels nationaux voire internationaux, qui ont de base une forte visibilité auprès de la population. Peut-être donc réfléchir dans un premier temps des animations sur ces axes-ci ? Participer aux nuits de la lecture, aux journées du patrimoine etc. D'autant que ta BDP peut probablement t'aider pour te fournir du matériel d'animation mais aussi du soutien pécunier. Ce qui est interessant c'est également d'aller à la rencontre de ton public, si lui ne vient pas à toi. Ca peut être des lectures aux parcs à la sortie de l'école, le mercredi dans le centre-ville etc. Je dirais même quitte à empiéter sur une commune voisine si tu as moyen de collaborer avec. C'est un moment crucial où tu touche un public différent, dans son cadre de vie et où tu peux faire une médiation de fou. Bien sûr, en plein hiver c'est pas possible, mais tu peux compenser en hiver par des aprem jeux ou des spectacles. Dans le même esprit, proposes-tu des rencontres scolaires ? Ca peut être une fois l'an ou plus, faire venir une classe à la bibliothèque, organiser des ateliers (SCRATCH justement ?) etc. C'est un bon moyen de gagner en visibilité. Idem avec les crèches. Pour résumer, ni trop ni pas assez, profiter de ce qui existe déjà, aller à la rencontre ! Avec ça tu gagne en visibilité et, ensuite tu pourra élargir quand tu auras plus de public. Encore une fois c'est ma vision des choses, mon avis seul ne suffit pas à avoir une réponse objective ! A plus. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 28 janvier 2020 Share Posté(e) le 28 janvier 2020 (modifié) 4 à 5 personnes sur des animations pour 300 habitants, c'est pas mal ! Perso je suis à 2-5 personnes pour les "petites" animations récurrentes sur une ville de 6000 habitants (bon, après j'ai dû gérer la mise en place, j'ai pas toujours bien géré la communication, les horaires n'étaient pas adaptés... les joies d'être un service civique balancé en ouverture de poste d'animateur, en gros) Je suis d'accord avec ma VDD (voisine du dessus) concernant la fidélisation du public. Perso j'ai essayé de proposer quelques trucs variés (ateliers photo, écriture, jeu vidéo, un truc sur le portrait dans l'art pour les jeunes), puisque je ne savais absolument pas quoi proposer au début. Les horaires jouent beaucoup de mon côté, tout comme les "publics ciblés". J'ai par exemple pris la résolution de bannir le "à partir de 12 ans", qui ne colle absolument pas à la démographie de la ville et du public de la bibliothèque (beaucoup de jeunes de 10 ans et moins et leurs parents, le collège est à l'autre bout de la ville) Et je suis d'accord avec tout le reste, ce sont de super idées J'y ajouterais sans doute : après avoir ciblé le public, lui demander ce qu'il désire. J'ai essayé de mettre en place des fiches à remplir pour ceux qui le veulent (ça marche bof) et de temps en temps je demande aussi aux lecteurs présents ce qu'ils voudraient voir comme animations et à quels horaires. Avec le risque qu'ils disent "je veux x à l'heure y" mais qu'ils ne viennent pas le jour où on le fait ! Modifié le 28 janvier 2020 par Ulnarevern Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 28 janvier 2020 Share Posté(e) le 28 janvier 2020 Par expérience je peux dire que dans de si petites communes, les evènements nationaux n'ont que peu d'impact. Par contre le bouche à oreille, le fait de se retrouver, surtout à travers le vecteur enfants, dans ces communes où tout le monde se connait a beaucoup d'impact. Le truc c'est de monter d'un cran en qualité. Si je prend l'exemple de séances "Bébés lecteurs", ou de l'heure du conte pour la tranche d'âge au dessus, le fait de passer du racontage d'histoire basique au raconte-tapis de façon régulière, booste la fréquentation. Et quand tu passes au stade castelet/marionnettes, c'est encore mieux. Avec des heures dédiées àla decouverte de jeux de société, c'est encore mieux, et le public est le même. Pour les publics enfants il faut aussi savoir communiquer au delà des assistantes maternelles, public acquis et demandeur, pour avoir des mamans, des individuels. Et à ce niveau de population, le mailing collectif joue fortement son rôle. Il faut donc ne pas hesiter à jouer sur l'inscription préalable et à recueillir des adresses mail. Et dans le mail on annonce le contenu de la séance. Et là c'est clair : pour une histoire racontée par Madeleine et Simone, à l'ancienne, on fait trois pelés deux tondus. Et aux stades qualitatifs au dessus, ça grimpe automatiquement. Et tes stats de fréquentation le prouvent puisque tu fonctionnes par inscriptions. Bonne idée de demander l'avis du public adulte sur les heures et jours. On est passé dans certaines bibs de 10h à 9h45, ce qui n'a l'air de rien, sur proposition du public, et ça a fonctionné. Les petites unités demographiques, c'est une grande chance, car tout se dit et se répète. Cela crée des automatismes. Nos moyennes annuelles sont passées de 5 à 12 (hors adultes) en 4 ans. C'est peu ? Non, c'est un succès. Viser au delà serait déraisonnable. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
OliVDB Posté(e) le 29 janvier 2020 Share Posté(e) le 29 janvier 2020 C'est clair que de passer de 5 à 12 c'est énorme, c'est 240% du nombre de base après tout. Sinon, en effet, je confirme que viser les moins de 12 ans fonctionne bien, c'est l'âge où les enfants sont assez grands pour qu'on leur propose des choses plutôt développées, mais où les décisions sont encore prises majoritairement par les parents, et avant la période collège où c'est "pas cool" d'aller à la bibliothèque. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Dominique Girod Posté(e) le 30 janvier 2020 Auteur Share Posté(e) le 30 janvier 2020 Bonjour ! Un grand merci pour vos réponses. Je suis un peu rassurée de voir que la fréquentation n'est pas si faible en pourcentage de la population desservie. Je reste néanmoins frustrée de constater que la fréquentation est beaucoup plus importante lorsque les animations proposées ne sont pas culturelles (chasse aux oeufs, arbre de noël de la commune, beaujolais, etc.). Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 30 janvier 2020 Share Posté(e) le 30 janvier 2020 il y a une heure, Dominique Girod a dit : Je reste néanmoins frustrée de constater que la fréquentation est beaucoup plus importante lorsque les animations proposées ne sont pas culturelles (chasse aux oeufs, arbre de noël de la commune, beaujolais, etc.). Les romains disaient du pain et des jeux (sanglants si possibles et de compétition) Si tu allies les deux, en bibliothèque : culture et nourriture (bien sûr ), tu fais d'une pierre, deux coups de beaujolais. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 30 janvier 2020 Share Posté(e) le 30 janvier 2020 (modifié) Il y a 3 heures, Dominique Girod a dit : la fréquentation est beaucoup plus importante lorsque les animations proposées ne sont pas culturelles Oui, mais cette fréquentation se traduit-elle par des inscriptions, une fidélisation d'un public nouveau ? Non. Et c'est prouvé depuis 1994, conclusion reprise par les BDP. On ne fait donc plus des "animations" pour engranger du public. Et depuis longtemps. On le fait pour "faire de l'évènementiel". Et ça, les élus adorent. Déja il y a plus de 30 ans les professionnels aujourd'hui "old school" se moquaient des collègues qui partaient dans le "tout animation", bientôt rejoints par les adeptes du "tout numérique. On appelait ça des bibliothèques Disneyland, des parcs d'attraction etc...On n'a pas rigolé longtemps. Les gens viennent jouer (voir le nombre de posts sur les "games" de toutes sortes sur agora) ou voir de la technologie, ou les deux. Dans les topics consacrés à l'animation sur Agorabib j'ai retrouvé un post qui parlait de recevoir un auteur par Skype. Ou est le "plus" culturel ? Pourquoi les gens viennent ? Peu importe, ils viennent et c'est l'essentiel. Dès qu'il y a du "ça marche", plus personne ne s'interroge sur le sens des choses. Et au'aujourd'hui force est de constater que ces pratiques sont devenues la norme (pour ceux qui peuvent financièrement se payer le top, car n'oublions jamais que ces dérives nécessitent place, personnel et argent, et donc augmentent la fracture entre les bibliothèques et ça on en parle bien peu...) . L'argumentaire majeur, pour les élus, est qu'on fait du Tiers-lieu, concept américain très mal compris en France, mais c'est un autre sujet. De toutes façons ce n'est qu'un prétexte. Au passage on notera tout de même que le public enfant reste la cible principale, vieille habitude en bibliothèque, que de privilégier les publics captifs (un adulte decide et un troupeau démarre), ainsi que les pré-pubères, en oubliant les seniors, comme le denonçait déja l'IGB en 2012. Un site à voir, en principe non dédié aux bibliothèques, mais justement c'est là tout son intérêt : Animations innovantes : la technologie au service de l'animation événementielle . Beau titre, très descriptif, tous les concepts y sont. Sous-titre superbe aussi : Vous recherchez des animations originales pour impressionner vos visiteurs ? C'est nous, c'est ce que nous sommes devenus et deviendrons. Sauf qu'au passage nos lecteurs sont devenus des visiteurs. Ou des gameurs. Un détail. Au passage on notera une aberration : qui aurait un argumentaire pour faire du portage à domicile par drone ? Réponse, les petites bibliothèques rurales en zone à habitat dispersé. Mais c'est là qu'il y a le moins de moyens. Alors on ne le fera pas. Mais une grande ville riche, sans veritable besoin, argumentera simplement au non de l'innovation, et aura finalement ses drones. TOUTES les technologies décrites sont accessibles aujourd'hui en bibliothèque. Question de moyens. Les pauvres feront un service graineterie ou un atelier tricot, Halloween et une chasse aux oeufs , mais les autres proposeront de l'imprimpante 3D (d'ailleurs déja mentionnée dans un post) ou des jeux avec casques de realité virtuelle et, pourquoi pas, des drones... https://www.animations-innovantes.com/?campaignid=8695977297&adgroupid=90454059794&adid=407822364160&gclid=EAIaIQobChMI17ezmd2r5wIV15rVCh2BqwbJEAAYASAAEgL0GPD_BwE A lire aussi sur les animations numeriques http://bda.ariege.fr/Espace-pro/Organiser-une-animation/Proposer-des-services-numeriques-en-bibliotheque/Les-animations-numeriques-en-bibliotheque2 ou encore https://mdo.oise.fr/la-mdo/a-la-une/2129-la-numeritheque-arrive-en-bibliotheque Petite intro : Pourquoi des ateliers numériques en bibliothèque? L'objectif de la MDO est d'accompagner les bibliothèques dans le développement de services innovants en bibliothèque et de souligner l'importance de la médiation. on remarquera au passage deux mots valises qui font désormais partie de nos commodités. Un bon bibliothécaire ne se sépare jamais de ses mots-valise. Il ne s'agit donc plus de savoir ce qui est culturel ou non (on vous répondra que tout est culturel, du Beaujolais aux drones), ni de savoir si on est d'accord ou non (la question étant considérée d'office comme ringarde et réactionnaire, la réponse serait à la hauteur de la question), et encore moins de poser la question des "limites", considérée comme liberticide évidemment. Voilà, j'ai fait court. Mais je vous devais bien ça, ma chère Dominique du village microscopique, pour vous épargner bien des déceptions d'une part, mais en continuant de penser que cette petite taille et votre attachement à quelques pratiques éprouvées, vous permettront toujours d'être à la hauteur. Modifié le 30 janvier 2020 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 1 février 2020 Share Posté(e) le 1 février 2020 Je suis pas d'accord avec ce côté impératif. Désolé d'avance de continuer le déraillement. Je commence par la fin : comment faire venir puis fidéliser au livre ? Pourquoi des animations "pas culturelles", y compris le jeu vidéo peuvent être intéressantes ? Parce qu'à défaut de fidéliser définitivement (ou plutôt, fidéliser pour le livre), au moins on recrée un espace d'échange (j'imagine que ça reprend l'idée de "Tiers Lieu") et on associe l'univers livre à du positif Parce que la culture n'est pas que le livre et que les pratiques ont évolué, et qu'avec la bonne médiation, on peut justement mener vers la lecture, ou au moins la non détestation du livre que les programmes scolaires semblent décidés à instaurer dans l'esprit des jeunes Parce que même le jeu vidéo bien pratiqué mène à la lecture, j'en veux pour preuve les centaines de textes à lire des Elder Scrolls, les J-RPG, visual novel et autres dans lesquels toute la narration est textuelle, The Witcher (3) qui a (re)lancé les ventes des romans qui ont servi de base et ainsi de suite. Paradoxalement, le jeu vidéo est sans doute plus efficace pour rapprocher de la lecture que presque tout autre support ou art Parce que construire quelque chose autour du livre demande aussi beaucoup de temps et d'argent pour être mené à bien. Faire venir un auteur en physique c'est bien, mais il faut un projet autour pour faire venir les gens (par exemple, à travers les écoles, puisque ça reste le moyen n°1 pour toucher le public). Sans projet ça a de fortes chances de rater. Ou alors, l'auteur peut venir pour des ateliers d'écriture et guider indirectement vers le livre. Ou faire venir une superstar, mais ça n'intéressera que ceux qui s'y intéressent de base. Concernant les budgets, je suis globalement d'accord mais pas totalement. Si les BDP sont rarement aussi fournies, réactives et efficaces qu'on le voudrait (parce qu'elles manquent de personnel et de budget), elles ont aussi parfois du matériel, si on anticipe suffisamment. Après le problème reste que les "penseurs" et "décideurs" ont rarement mis les pieds hors de leur confort de la grande ville. Et la place, c'est pareil, ça se trouve toujours. Pas besoin de plus d'une ou deux tables pour faire à peu près n'importe quoi (en fonction du public), alors que par exemple, faire une exposition d'art ou du spectacle vivant, c'est plus difficile sans espace un minimum adapté ! Et les expositions type "panneaux" sont rarement très attrayantes et je ne vois pas en quoi elles mèneraient vers la lecture non plus. Certes, certaines personnes ne réfléchissent pas à la démarche derrière leur projet et le font "parce que les voisins le font" et effectivement, perdre de vue la logique empêche de remplir au mieux l'objectif. A titre personnel, j'ai choisi de faire du jeu vidéo pour faire venir quelques jeunes à la bibliothèque et cela fait des plusieurs jeunes qui lâchent un petit "mais depuis quand il y a ça à la bibliothèque ?" de façon agréablement surprise. Déjà, un point marqué pour l'image. Aussi triste que ce soit, l'image importe et les livres n'ont plus la côte en dehors de quelques milieux culturellement privilégiés et tous les moyens (bien utilisés) peuvent être bons pour mener au livre, aussi indirects qu'ils soient. Faire venir pour du jeu vidéo multi par exemple, permet de faire venir les jeunes (qui font venir les parents) et de les faire passer un bon moment ensemble (en plus de leur apporter humainement) - et la bibliothèque devient plaisir. Ensuite, on peut rediriger petit à petit vers des jeux plus narratifs et avec plus de textes, puis vers les visual novel ou carrément des livres (autant je déteste beaucoup de choses sur Fortnite, autant les "Livre dont vous êtes le héros" Fortnite peuvent soient mener des joueurs vers le livre, soit des non-joueurs vers une relative connaissance de ce jeu (et donc être moins exclus)). Pour le coup, le jeu vidéo c'est bien surtout pour les jeunes, généralement pour les parents (au moins pour la médiation), moins pour les grands-parents, mais le côté technologique chez les séniors est plus géré par notre CCAS. Et je dois reconnaître mes limites concernant les "vieux" qui sont justement de base dans le livre. Pas besoin de les fidéliser, juste de pourvoir à leur envies de lecture. Par contre, des trucs de "jeunes" peuvent permettre de créer un échange pour les adultes prêts à jouer le jeu. Et ça peut devenir à double-sens (l'adulte fait un pas vers le jeune, l'apprivoise, puis guide le jeune sur de nouveaux chemins plus littéraires, par exemple). Et oui, passer par les jeunes reste un bon plan, parce que c'est quand-même là qu'on peut créer le goût de la lecture Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 1 février 2020 Share Posté(e) le 1 février 2020 (modifié) On est presque d'accord. D'abord je réponds à la question "culture" ou "pas culture" d'une façon certes un peu ironique et désabusée mais néanmoins veridique : TOUT est culturel. J'aurais plutôt tendance à dire "societal". Le débat n'est plus là. Le débat est de savoir si on et prêt à aller aussi vers le carrément social : on ne réduit pas la fracture numerique par du ludique pour ados. Non, là il va falloir apprendre à jouer le partenariat social avec des services comme la CAF, Pôle emploi et autres mutuelles, sans compter notre rôle formateur (c'est le ministre qui l'a dit) au niveau des créations de BCD etc... Ce que je dis au début est fondamental : on ne fait plus des animations pour engranger des lecteurs. Les animations, qu'elles soient numeriques, ludique ou autres, n'ont pas DU TOUT pour but d'amener de nouveaux lecteurs. Ce qui veut dire qu'elles sont légitimes en elles-mêmes. Parce que nous sommes devenus les lieux du tout est possible. On est passés à une logique d'usage. Il n'y a plus de "lecteurs", il y a des usagers d'un lieu, et qui font connaître leurs besoins. Et c'est à nous de suivre.Tout simplement. Et nous n'avons plus besoin de tenter de légitimer nos actions par du lectorat, du retour au livre etc...Nos animations se suffisent à elles-mêmes. Elles apportent des publics différents pour des choses différentes, surtout axées sur le ludique/numerique. Et s'ils se fidélisent ce sera sur ces usages, qui leur correspondent. Elles n'ont donc plus à se legitimer, et depuis longtemps, par un eventuel (et plus que douteux) apport de nouveaux lectorats. Non mais, tu te vois, face à ton maire, demander à avoir une console et un écran géant, POUR AMENER LES ADOS VERS LE LIVRE ? Même si c'est le dernier des cons, il ne te croira pas. Mais pourquoi chercher à légitimer par un futur accès au livre (qui n'a plus la cote, tu le dis toi-même) des activités numériques, image et son etc...le fait de mettre en place des lieux destinés aux ados et à leurs besoins actuels ? Aucun problème, je suis pour à 100%. Mais je ne chercherais pas à en faire des lecteurs potentiels ni a argumenter dans ce sens. La bibliothèque est devenue un lieu dans la ville, un acteur supplétif de pas mal de structures socio-culturelles, voire simplement sociales (plus de 5 millions de personnes n'ont pas internet et près de 6 millions ne savent pas s'en servir). Alors ce nouveau contexte "d'usages" fait loi. L'usager définit les usages et toi, tu suis. Tu DEVRAS suivre, et non pas seulement par le ludique pour une poignée d'ados. On va vers ça. Et c'est normal et c'est bien. Et, bizarrement, ça semble déplaire à certains bibliothécaires... On ne pourra pas tous faire face et apporter les bonnes réponses. Le manque de cadre légal (et on n'est pas prêts d'avoir une loi sur les bibliothèques, on s'en éloigne même de plus en plus) augmentera les différences entre les produits ou services proposés par les structures. Ceux qui pourront iront loin et joueront sans doute un rôle sociétal important dans la Cité. Questions de moyens, c'est tout. Or, BDP ou non, ils sont en baisse.Autant il existe une fracture numérique (grandissante) en France, autant il existera une fracture (grandissante aussi) entre les bibliothèques qui pourront rentrer dans cette logique d'usages et celles qui en resteront au livre. Donc il faut ASSUMER, sans complexes, cette transition. C'est tout. Et laisser tomber les argumentations de type "culture ou non culture", qui n'auront bientôt plus aucun sens. C'est là que Dominique fait fausse route. Mais dans son village, elles resterera inévitable, à son niveau. Par contre les statistiques semblent montrer que les jeunes lisent de plus en plus . S'il s'agit des enfants, je peux en témoigner. Pour les ados... Bon, certes, frôlant bientôt les 66 ans, j'ai vécu toutes ces transitions, j'ai pu compter les perdants et les gagnants, et voir les nouveaux usages arriver. Alors évidemment, si l'on m'avait dit dans les années 80 que j'allais faire un boulot d'animateur multimedia ou autre chose du même genre, je ne serais pas là aujourd'hui. Mais ça c'est mes nostalgies à moi, ça n'entre pas dans le débat. J'ai vu les gagnants de ces batailles dans les années 90/2000 et je m'en suis moqué. Mais Ils avaient raison. Ils ont simplement anticipé. Un objectif : la professionnalisation des bibliothécaires, l’animation des territoires, la médiation des collections et l’insertion professionnelle. Au total, il me semble que les formations à ce métier, devenues hybrides, qui mêlent animation, communication, formation, questionnent l‘évolution de nos métiers de bibliothécaire. (ADBDP). Une anecdote que j'ai déja citée quelque part, et pourtant on est dans la fin des années 80, c'est une collègue en région parisienne, dont le maire s'exaspérait de voir ses ados traîner en ville en passant du baby-foot à la Kronenbourg, lui a demandé de faire une animation par mois (!) pour ces ados (qui ne foutaient jamais les pieds en bibliothèque). Elle a organisé un concours de rollers autour de la bibliothèque... Tu vois, déja à l'époque... Il y a un blog qui faisait bien le tour de la question à propos du prêt d'objets (aux Etats-Unis) , intitulé : prêter autre chose que des produits culturels ? la problématique est bien présentée dans le paragraphe : « Quel est le rapport entre une canne à pêche et la mission des bibliothèques ? » : rematérialiser l'offre des bibliotheques, participer à une economie du partage, repondre aux besoins des nouveaux publics, prolonger les missions traditionnelles des bibliothèques etc... Je répondais :En fait on va vers du Troisieme lieu avec intensification du rôle social. Et ça date de 2015. On y est déja en France (ceci dit les artothèques et les ludothèques datent des années 60....) http://nicolas-beudon.com/2015/08/25/atypiques/ En tous cas merci de redonner le sens du débat à ce forum devenu questions/réponses. Modifié le 1 février 2020 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 3 février 2020 Share Posté(e) le 3 février 2020 Le 01/02/2020 à 15:46, Ulnarevern a dit : Aussi triste que ce soit, l'image importe et les livres n'ont plus la côte en dehors de quelques milieux culturellement privilégiés et tous les moyens (bien utilisés) peuvent être bons pour mener au livre, aussi indirects qu'ils soient. "Plus la cote ?" C'est inexact. Il suffit de regarder le quart d'heure de lecture qui s'impose maintenant dans les classes pour différentes raisons, et de le constater : le livre n'est pas mort. Et qu'il a des vertus importantes, que l'écran n'a pas. (cinéma, télévision, jeux vidéos, autant de fossoyeurs annoncés du livre et pourtant !) Sa première réussite, c'est de ne jamais tomber en obsolescence (programmée) Sa deuxième, de ne pas dépendre d'un accès extérieur qui fonctionne plus ou moins bien. Sa troisième, c'est d'être inter-générationnel depuis plusieurs siècles. On peut réunir un senior++ et un bambin de même pas trois ans autour d'un livre, sans aucun problème. Ce qui est exactement la même chose avec : la chasse aux oeufs, l'arbre de Noël ou le beaujolais nouveau (enfin, ici, toute opération bouffe bien organisée). Sans aucunes compétences spécifiques. Ce qui explique le pourquoi des 80 000 bénévoles travaillant oeuvrant si on veut être puriste en bibliothèque. Ce sont des activités simples et qui ne dépendent pas de compétences complexes. (Encore que la lecture nécessite des compétences complexes à acquérir, et elle se fera toujours brouter par une simple balle et deux buts symbolisés, ou une balle aux prisonniers. Ce qui explique le succès du sport avec des licences pourtant à plus de 100 euros l'année.) Ce sont des activités simples et familiales. Et celles-là vont fonctionner. Quand toute la famille peut jouer ou prendre plaisir ensemble, sans qu'un membre de ladite famille s'ennuie de son côté, alors l'animation sera réussie. Le gros problème c'est que, comme pour les livres, il faut penser à tous les âges... en même temps. Donc, penser à une multi-animation coordonnée. Plus facile à envisager qu'à réaliser IRL. Pour les jeux vidéos, bien sûr que ce serait le top. On pourrait même avoir un concours inter-bibliothèques avec remise d'une coupe nationale, ce qui donnerait un autre intérêt aux bibliothèques. Une activité qui, effectivement, pourrait se suffire à elle-même, comme les fab-lab et autres activités numériques à vocation artistique... sauf que là, on ne parle plus de bibliothèques, mais de tiers-lieux (ou d'EPN : Etablissement Publique Numérique). Or, dans les tiers-lieux, les collections fondent à vitesse grand V. Et quels besoins de bibliothécaires dans un lieu sans collection ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 4 février 2020 Share Posté(e) le 4 février 2020 (modifié) Citation Non mais, tu te vois, face à ton maire, demander à avoir une console et un écran géant, POUR AMENER LES ADOS VERS LE LIVRE ? Même si c'est le dernier des cons, il ne te croira pas. Mais pourquoi chercher à légitimer par un futur accès au livre (qui n'a plus la cote, tu le dis toi-même) des activités numériques, image et son etc... Autant sur un contrat de 7 mois en ouverture de poste j'ai pas eu le temps, mais vu tous les univers qui existent, il y a moyen d'au moins créer des liens assez directs. Par exemple, The Witcher, Assassin's Creed, Halo, Mass Effect, Warcraft... tous sont des univers étendus, y compris en livres. Et maintenant, même Minecraft et Fortnite, sans compter tous les univers qui partagent beaucoup entre livre et jeu vidéo (et cinéma). Il suffit parfois d'un livre pour donner le goût de la lecture et les passerelles simplifient à mon avis cela, tout comme le jv peut permettre de démystifier la lecture, avec la bonne médiation, même si ça n'a pas besoin d'être l'objectif principal et que ça demande éventuellement quelques achats de livres. Et on pourrait faire pareil avec tous les autres arts. Utiliser les plus "populaires" (j'entends surtout le cinéma et le jeu vidéo ici) pour faire de la médiation autour du reste (parler de la cinématographie en jeu vidéo par exemple, en s'appuyant sur des recommandations de visionnage). Après, ça demande une médiation très solide et pluridisciplinaire et donc un animateur capable de porter pas mal de casquettes variées. Au passage, j'admire l'ironie des postes "d'animateur multimédia" qui sont généralement des postes d'animateurs en informatique, au mieux en technologie (et je parle bien des postes et de leurs dénominations, pas des personnes). Et les propositions d'Animations Innovantes, c'est effectivement "sexy" mais je trouve pas ça si amusant. Pour le coup j'ai vraiment l'impression que c'est du sensationnalisme mais totalement vide de sens. Et autant, ok pour pas faire de l'animation pour mener vers la lecture, autant je reste pour qu'il y ait un sens aux animations. Du reste, j'avais apparemment compris totalement de travers ton message précédent Ferris, probablement les côtés ironiques et/ou provocants qui ont teinté ma compréhension du reste, merci pour l'explication que je qualifierais de "plus neutre". Pour le concept du Tiers-lieu, je dois avouer que je serais curieux de voir ce qui se fait sur des grandes médiathèques et à l'étranger. Finalement, la question à poser ne serait-elle pas : voulons-nous des bibliothèques, voire des médiathèques, ou des centres culturels ? Le terme étant étrangement utilisé chez les marchands, mais finalement, est-ce que la Fnac n'a pas raison d'avoir des espaces couvrant tous les médias, avec en bonus de la bouffe ? Et effectivement, je ne signifiais pas que le livre était abandonné en disant qu'il n'avait plus la côte. Par contre, je pense que ça ne déplace plus les foules et que passé le collège, la lecture a tendance à disparaître jusqu'à parfois la retraite Modifié le 4 février 2020 par Ulnarevern Faute de frappe Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
richard petit Posté(e) le 4 février 2020 Share Posté(e) le 4 février 2020 il y a 24 minutes, Ulnarevern a dit : Et les propositions d'Animations Innovantes, c'est effectivement "sexy" mais je trouve pas ça si amusant. Pour le coup j'ai vraiment l'impression que c'est du sensationnalisme mais totalement vide de sens. Et autant, ok pour pas faire de l'animation pour mener vers la lecture, autant je reste pour qu'il y ait un sens aux animations. Merci Ulnareven. Nous sommes au moins deux à rester dignes. Ce qui est faux ou mensongers dans les messages qui précèdent le vôtre, c'est leur caractère exclusif et définitif. Les tendances lourdes qu'ils assènent comme des vérités premières sont peut-être vraies localement (ce serait à vérifier) ; de là à généraliser... Par exemple, il est faux de dire que la lecture, ça ne prend plus et qu'il faut faire dans le clinquant pour appâter le chaland : je turbine dans une ville de pauvres de plus 100 000 âmes ; les gamins sont ceux qui lisent le plus sur place et empruntent le plus de bouquins (et pas seulement des mangas) ; pas besoin de jeux vidéos et d'animations racoleuses (type course aux oeufs et autres conneries du même tonneau). Aussi je délaisse les dissertations sentencieuses des graphomanes du forum qui prêchent que, désormais, y plus qu'à se prosterner devant le présent. Il y a par ailleurs dans ma contrée un usage studieux du lieu, une fréquentation massive des espaces de travail qui remet les pendules à l'heure, pour qui n'a pas de la merde dans les yeux. PS : le "tiers-lieu" (ou le "3e lieu", c'est le même) n'est pas un "concept" (ou alors dans l'acception étasunienne) mais un slogan publicitaire plastronné par les gogos. Je vous salue. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 4 février 2020 Share Posté(e) le 4 février 2020 (modifié) Il y a malgré tout de grandes tendances qui se dégagent... Le souci étant que ces tendances sont exploitées sur des lieux ou des échelles inadaptées (comme quand on veut appliquer un modèle étranger sans prendre en compte une différence culturelle ou organisationnelle). Pour ne citer qu'un exemple, les décideurs dans les BDP qui ne prennent pas en compte le territoire rural, bien lotis dans leur ville fibrée avec un bon PC. Pour le coup, des fois le clinquant c'est bien aussi pour secouer un peu le public, je pense Par exemple, je fais du jeu vidéo, multijoueur en local pour l'aspect social et dépoussiérer un peu l'image de la bibliothèque. Ensuite, j'aimerais faire du jeu vidéo solo simple mais sympa pour sortir les jeunes de Fortnite et Call Of (pour faire dans le cliché). Et ensuite des jeux de société. Mais justement, j'essaie d'avoir une sorte de projet derrière ! Au moins le partage d'un moment convivial, au plus le partage d'une passion et la découverte de quelque chose d'autre que ce qu'on nous ressert en permanence jusqu'à l’écœurement. Comme tu le dis très bien Richard, on ne peut pas généraliser. Dans mon cas, il faut quand-même que je "montre" au public qu'il se passe des choses (ouverture de poste) et le jeu vidéo ça peut aider (et montrer à la tutelle qu'il faut vraiment faire un agrandissement). En plus du projet de convivialité. Et comme je n'ai pas de programme spécifique, je fais un peu ce que je veux et surtout ce qui me plaît ^^ Dans l'absolu, je reste partisan de la demi-mesure et de la prise de recul. La vérité est souvent à mi-chemin Modifié le 4 février 2020 par Ulnarevern Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
richard petit Posté(e) le 5 février 2020 Share Posté(e) le 5 février 2020 Il y a beaucoup de choix, de prises de position, de stratégies sur le sujet qui ne reposent que sur des présomptions, des a priori et ne sont le fait que des gens de la profession, non pas des publics (qui en l'occurrence ont bon dos). Si l'on se préoccupait sérieusement de recenser les besoins par l'observation des pratiques et d'entendre les attentes des publics, bien des certitudes professionnelles seraient mises à mal. Il apparaîtrait par la même occasion que beaucoup d'initiatives "novatrices" ne reflètent en fait que les dadas de ceux qui les portent et leurs propres pratiques culturelles - si tant est que jouer au jeu vidéo (ce qui n'est pas en soi indigne) puisse être considéré comme une "pratique culturelle" (je laisse aux petits malins le soin d'objecter que l'ensemble des pratiques relève de la culture - comme l'enseignent doctement les idéologues nourris d'un demi-savoir anthropologique - moyennant quoi on peut fourguer tout et n'importe quoi en bib ; la soumission à l'air du temps est ainsi sanctifiée par un label "culturel"). J'y vois un conformisme et la morgue des modernes pour tout ce qui prend le contrepied de leur certitudes en béton armé. En outre, ce sont des fainéants ; se casser la tête pour inventer des actions qui à la fois aient du sens et soient accessibles, j'appelle ça l'exigence, disposition qui est bien différente de l'élitisme... sauf pour les ramiers. A la limite - et là je vous rejoins - on peut tout entreprendre en bib. Et pourquoi pas le jeu, en effet... à la condition expresse qu'il ne s'agisse pas de jouer pour jouer mais que la programmation réponde aux objectifs d'une bib de lecture publique (c'est ce lien qu'il s'agit d'inventer). Quant à l'argument qui voudrait que par le détour d'une action racoleuse on parvienne à attirer les gens à la lecture, il est spécieux, usé jusqu'à la corde et se vérifie souvent faux - si je m'en remets à mon expérience et à ce que j'ai pu observer ça et là. Mais il s'impose toujours comme une argument d'autorité. J'arrête car je deviens long. Bonne journée. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 5 février 2020 Share Posté(e) le 5 février 2020 Il y a 2 heures, richard petit a dit : Il y a beaucoup de choix, de prises de position, de stratégies sur le sujet qui ne reposent que sur des présomptions, des a priori et ne sont le fait que des gens de la profession, non pas des publics (qui en l'occurrence ont bon dos). Ces choix dépendent aussi des lieux, des budgets, des personnels formés ou non à certaines pratiques culturelles. Une chasse aux oeufs à toute sa place dans une commune de 300 habitants, ce serait stupide dans une ville de 100 000 habitants. On serait sur un marathon à l'oeuf, avec une organisation très coûteuse. En ville, il vaut mieux organiser un carnaval avec un défilé de chars. Un défilé qui serait tout à fait stupide dans une ville de 300 habitants. Il y a 2 heures, richard petit a dit : si tant est que jouer au jeu vidéo (ce qui n'est pas en soi indigne) puisse être considéré comme une "pratique culturelle" C'est plus qu'une pratique culturelle. Le jeu vidéo est maintenant le 10e art ! 10e art : le jeu vidéo En novembre 2012 le MoMA (le Museum of Modern Art à New York), décide d'intégrer 14 jeux vidéo à sa collection d’œuvres d'art. De même, depuis 2011, la cour suprême des États-Unis reconnait officiellement le jeu vidéo comme un art. En France, c'est depuis 2006 que le ministère de la Culture reconnait le jeu vidéo comme une forme d'expression artistique et demande qu'elle soit considérée en tant que telle. Aujourd'hui, la question de la considération du jeu vidéo en tant qu'art se pose toujours et nombreux s'y opposent, pourtant, le jeu vidéo est maintenant juridiquement et officiellement considéré comme un art. La désignation « 10e art » a aussi été revendiquée pour les arts numériques en général : infographie, web design et jeu vidéo. https://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_des_arts Sauf que pour être compétent et bon, dans ce domaine, il faut jouer depuis longtemps. Et avoir le goût pour ça. C'est comme la lecture, ce n'est pas la panacée pour tout le monde. Mais ça peut éveiller les enfants (ou les adultes, les anciens aussi) à une certaine culture. La sienne ! Ou attirer d'autres membres de la famille à la bibliothèque. Que fait la maman/le papa qui attend son gamin ? Que fait le gamin quand il attend son tour devant le jeu vidéo ? Le lien, il est là : faire découvrir quelque chose de différent, attiser la curiosité. Pour cela, il faut d'abord créer une habitude. Si possible familiale. Il y a 23 heures, Ulnarevern a dit : Par contre, je pense que ça ne déplace plus les foules et que passé le collège, la lecture a tendance à disparaître jusqu'à parfois la retraite Tu as la réponse page 26 du rapport datant de 2016 https://www.culture.gouv.fr/content/download/216460/2264283/version/2/file/synthese_2016_V1%20-%20Copie.pdf E101 Nombre d'inscrits actifs : 10 600 000 E103 Nombre d'emprunteurs actifs : 8 300 000 Nombre total de prêts : 279 500 000 Nombre de prêts de livres : 208 700 000 Et sur les emprunteurs actifs, tu as une majorité de femmes... avec des enfants. Quand elle tombe enceinte, une lectrice a beaucoup de temps "libre" au bout d'un certain nombre de mois. Et encore après la naissance, entre deux tétées. Enfin, quand bébé commence à faire ses nuits; Ce qui arrive beaucoup plus tôt qu'à la retraite. Enfin, j'espère ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 6 février 2020 Share Posté(e) le 6 février 2020 (modifié) Le 04/02/2020 à 16:11, Ulnarevern a dit : Finalement, la question à poser ne serait-elle pas : voulons-nous des bibliothèques, voire des médiathèques, ou des centres culturels ? Tu as un aperçu des réponses de deux de nos trolls favoris. Laissons les s'amuser entre eux pour donner le semblant d'un débat. Les choses paraissent claires actuellement, et mon réseau actuel en est un exemple : Ce que nous voulons ou pas a peu d'importance. Les usages ont changé , or nous ne sommes pas contraints de rester dans une définition ancienne de nos missions puisque la loi ne les définit pas. Nous allons vers une option de centres socio-culturels définie ici et là par le concept confortablement flou de tiers-lieu, ce qui permet d'y mettre n’importe quoi et ailleurs par des actions de partenariats ou d'actions de terrain plus claires), mais il est de plus en plus évident que l'aspect social devient prioritaire. Est-ce que le jeu video peut-être une amorce de réponse à la fracture numérique ? Chacun sa réponse. Globalement dans la profession la notion de "service culturel" a évolué en même temps qu'évoluaient les usages demandés par les publics Et c'est naturel. C'est toute l'histoire des bibliothèques. Adaptation. Le lecteur est devenu un usager, donc c'est lui qui définit les usages. Parfaitement logique. Quand on ouvre un service de jeux vidéo (plus ou moins bien pourvu, et ça c'est le gros problème des BDP), on sait qu'on répond à une attente connue et reconnue partout. Et depuis des années. Donc on est légitimes. Oui, la culture passe désormais par le ludique. d'ailleurs, soyons francs : qui a décidé que des séances de contes et de raconte-tapis fabriquent les lecteurs de demains ? C'est une idée toute faite qui fait son chemin depuis des decennies et qui est improuvable. Comme pour le jeu video on est dans un nouvel usage : le ludique. Et à ce niveau conceptuel, une chasse aux oeufs est parfaitement en phase. J'oserais même la formule : il y a moins de différence entre une chasse aux oeufs et un jv, qu'entre un livre et un jv. Tous les jv sont des chasses aux oeufs, mais sur ecran. Que le jeu vidéo ou a chasse aux œufs amènent un nouveau lectorat, est egalement improuvable. Nous avons tous des expériences individuelles qui prouvent ou non non le contraire. Personnellement, par exemple, tous les ouvrages que j'ai pu acheter en rapport avec des series telé à succés (Divergente, le Labyrinthe, Rouge rubis, Walking dead et j'en passe, dont Hunger games) se sont revélés être des fiascos sur le plan lectoral. Mais rien ne me dit qu'en passant, pour des contenus equivalents, par le jeu vidéo, cela ne me montrerait pas le contraire. Au passage une petite parenthèse sur Hunger games, jamais adapté en jv, au contraire de Fortnite que tu cites (ou les series Battle royale, l'analyse est interessante : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/01/l-arlesienne-du-jeu-video-hunger-games_6013733_4408996.html J'ai acquis dans une optique "passerelle", comme tu la décris très bien d'ailleurs.. En occurrence j'ai eu tort. Pourquoi ? Parce que j'ai persisté sur la vielle conception de "créer de nouveaux lecteurs" ou du moins de ne pas perdre les anciens en créant des passerelles. Une erreur de vieux con, je le reconnais maintenant. Et d'autre part parce que j'ai opté pour l'idée que la notion de passerelle (qui se fait très bien d'un niveau de lecture à un autre) faisait fi des supports. Erreur. On ne passe pas du numérique à l'écrit comme on passe de l'album au roman. Ou alors à la marge, et pour un lectorat très limité. Le gameur restera un gameur. Et c'est ce que nous avons du mal à admettre. Du coup c'est d'autant plus facile pour les puristes élitistes de sortir le jeu video du jeu tout court: pas de rapport avec le livre. Donc , implicitement, pas de légitimité. Facile mais simpliste en termes de missions des bibliothèques. Le problème c'est qu'élus (et certaines BDP) suivent le mouvement. Chez nous les BDP continuent à propose des liseuses pre-chargées, qui n'ont aucun succès... Ta position est aussi difficile que celle des bibliothécaires musicaux (eux au moins se sont donnés un nom, ça aide..).Eux doivent retrouver une légitimité perdue, toi du dois démontrer une légitimité nouvelle. Non basée sur le lecteur potentiel mais sur le besoins de l'usager actuel. La musique à une époque, comme les jeux video aujourd'hui sont reconnus conceptuellement et juridiquement, mais le chemin vers l'aspect pratique est encore loin. Et l'argent viendra ou non des élus locaux, qui ne sont pas precisément issus de ce monde. J'aime bien ta comparaison avec la FNAC. Ces gens là ne font pas comme nous, ils n'y vont pas à l'aveuglette chacun de son côté. Ils determinent des stratégies en fonctions de critères précis. Et ils sont loin d'être des imbéciles. Je fais pourtant partie d'une generation de post-soixante-huitards qui crachait sur le "monde marchand" (expression de l'époque), pour mieux valoriser nôtre rôle de service public. Ces temps sont révolus. Aujourd’hui toutes les bibliothèques qui le peuvent font ce que les élitistes appelleraient du raccolage tous azimuts. Moi j'appelle ça s'adapter aux nouveau usages, simplement, mais pas à reculons et en se bouchant le nez, non, franco. Pas comme dans les seventies, ou les jeunes bibliothécaires combattaient contre leurs hiérarchies pour imposer la BD, le polar, la SF et j'en passe, bref la littérature "mauvais genre" dans les bibliothèques qu'on étaient censés avoir "ouvertes" à tous. Beau combat à mener. Et plus long qu'on ne pense, car c'est long à dégager, un fonctionnaire.... Alors, la FNAC ? Pourquoi pas ? De toutes façons, avons-nous le choix ? C'est ça ou disparaître du paysage socio-culturel. Comme les MJC faillirent disparaître à la fin des années soixante et ne subsistent aujourd'hui médiocrement que par l'associatif, le benevolat et les subventions locales. C'est tout de même 500 000 jeunes, dont 50% en milieu rural. Et 20 000 bénévoles. Mais les moyens ne sont plus là....évidement, et leur rôle est devenu mineur et inadapté.. Et pourtant, si on reprend les termes de l'époque : Elles ont la capacité à mettre en mouvement de jeunes citoyens et à développer des initiatives nouvelles et innovantes. Elles veulent lier jeunesse et culture dans une perspective d'éducation populaire. Ce sont de véritables lieux de rencontres et de création pour de très nombreux jeunes issus de publics variés qui permettent de se former, d'échanger et de créer. (wiki) C'était la définition de l'époque. Bon, en sommes-nous si loin ? je te souhaite bonne route. Modifié le 6 février 2020 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
richard petit Posté(e) le 6 février 2020 Share Posté(e) le 6 février 2020 Il y a 16 heures, B. Majour a dit : Le jeu vidéo est maintenant le 10e art ! C'est marrant la propension des gens du métier - qui ne manquent jamais une occasion de revendiquer pour eux-mêmes l'esprit critique - à s'en remettre aux opinions autorisées pour défendre un point de vue (le jour où le ministère proclamera que le porno c'est de l'art, acquiescerez-vous d'enthousiasme ? Ou vous prévaudrez-vous des dithyrambes de la hype - Inrocks, par exemple ?). Il y a pourtant une seule question à se poser au sujet des nouveaux supports/services etc. proposés en bib : quels objectifs de lecture publique servent-ils ? On ne peut pas se contenter d'y répondre par des arguments convenus ou elliptiques comme vous le faites - ni à la manière impayable du Bouvard et Pécuchet qui sévit sur ce forum et prêche à longueur de temps la soumission à ce qui est là, simplement parce que c'est là. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 6 février 2020 Share Posté(e) le 6 février 2020 (modifié) Holà, beaucoup de choses ! Je vais essayer de faire court à chaque fois en répondant à différents morceaux de messages ! Lisez ce qui vous intéresse (idéalement j'aurais fait un post par personne, mais c'est pas super pour la nétiquette) J'ai aussi mis en gras deux ou trois trucs potentiellement intéressants de façon parfois arbitraire et j'ai un grand écran, désolé si c'est vraiment trop long. Le 05/02/2020 à 10:08, richard petit a dit : Si l'on se préoccupait sérieusement de recenser les besoins par l'observation des pratiques et d'entendre les attentes des publics, bien des certitudes professionnelles seraient mises à mal Probablement. Parfois, on fait aussi ce qu'on peut. Le manque de personnel et les demandes politiques ne permettent pas toujours de prendre le temps de demander au public ce qu'il désire et de l'écouter (parce qu'observer les pratiques est à mon sens improductif tant qu'on reste dans la bibliothèque, puisque les lecteurs et visiteurs se cantonneront à ce qu'ils ont à disposition). Et régulièrement, on oriente aussi les conversations et on retient ce qui nous intéresse, ou on est limité par nos compétences. Encore une fois, pour rester dans mon seul cas, j'ai fait avec ce que je savais pouvoir faire dans l'instant, puisque c'est difficile de préparer et réaliser une saison déjà entamée en arrivant en septembre et en repartant en avril. Dès que j'ai le temps, j'essaie d'accorder mon attention aux publics pour justement dégager des pistes pour mon futur remplaçant, ça me paraît la base dans l'animation, comme d'écouter les demandes de livre des lecteurs, ce que les bibliothécaires que je connais font tous. Le 05/02/2020 à 10:08, richard petit a dit : si tant est que jouer au jeu vidéo (ce qui n'est pas en soi indigne) puisse être considéré comme une "pratique culturelle" Culturelle et sociale, avec ce que ça implique de bon et de mauvais (partage et stigmatisations). Et à différents degrés selon les jeux. Et là, c'est l'une des rares fois où on me verra affirmer quelque chose ! Et ce n'est pas non une opinion autorisée. Les joueurs ont aujourd'hui une culture, une histoire, des codes, un langage qui leur sont propres au même titre que tout ce qui est estampillé art. Et au même titre que tout "art", il y a une infinité d'approches de celui-ci, du consumérisme à la délectation artistique. Pas plus tard que cette semaine, j'ai testé Feather. On incarne un oiseau, on a une île a explorer, il n'y a aucun ennemi, rien. Graphisme low-poly simple mais joli. Juste la possibilité de changer de musique (sympathique) et d'apparence. On peut faire cui-cui et donc communiquer avec le ou les éventuels joueurs également présent. J'ai croisé un autre joueur dans une cave, sans plus m'y attarder (pas la place). Puis j'ai fini par croiser un autre oiseau à force d'appeler. Et là, ce jeu m'a fait un déclic. On a volé ensemble un petit ballet improvisé et la sensation était indescriptible. Je ne sais pas qui était derrière le clavier, je ne le croiserai assez littéralement jamais plus et pourtant c'était quelques minutes uniques de partage, de vivre une expérience dans l'instant présent avec cet inconnu, à un niveau que la vraie vie ne peu pas apporter de cette façon - une rencontre IRL implique toujours une voix, un visage, un mot... Et aucun livre n'a su me procurer cette immersion, ce sens du présent, en tout cas pas à ce point. Après, si on s'arrête au plus connu, c'est comme se contenter du dernier film d'action à la mode, du dernier tube, du dernier best-seller... Il me semble que c'est souvent l'approche "de base" d'une partie conséquente du public, pour tous les supports. Et pour le jeu vidéo, les joueurs s'arrêtent souvent au plus connu justement parce que la médiation n'existe que très peu (voire largement moins) pour le grand public que dans les autres arts - hors influenceurs payés pour tester un jeu face à "nos jeunes têtes blondes". Une partie des joueurs n'a pas connaissance de la forêt derrière l'arbre du AAA, ou n'y voit pas d'intérêt, d'où le besoin de médiation. On a de l'éducation à la littérature, aux arts plastiques, à la musique à l'école, mais il n'y a rien pour nous donner éduquer au jv, ni pour donner le goût de l'autre chose. Sans compter qu'un joueur lira autant ou plus qu'un cinéphile ou un audiophile en pratiquant son hobby (juste autrement qu'avec un livre). Je pourrais faire une liste de "jeux qu'il faut absolument avoir fait" pour x ou y raisons, y compris esthétiques et littéraires (le jv emprunte beaucoup à la littérature, aux arts picturaux, de la scène, du cinéma...) juste pour montrer la légitimité, ou apporter ma tentative de légitimation, mais ce serait trop long et inutile. Le 05/02/2020 à 10:08, richard petit a dit : se casser la tête pour inventer des actions qui à la fois aient du sens et soient accessibles, j'appelle ça l'exigence Je suis d'accord. Est-ce que ça veut dire qu'il faut botter en touche tout un pan de possibilités, je ne pense pas. Encore une fois (et je le répète beaucoup mais moins clairement sur ce sujet), l'objet (même chasse aux œufs ou jeu vidéo) importe bien moins que l'approche et l'objectif à mon sens. A titre personnel, mon animation jeu vidéo vaut-elle le coup ? Pour faire de la communication, oui. Pour faire échanger des jeunes, oui - et le potentiel d'échange et de rapprochement est fantastique : tu veux jouer ? Tu donnes une manette, le voisin explique le jeu de lui-même. Pour troller les gamins en leur disant que Fortnite est cool mais que ça reste nul et leur montrer des jeux rigolos qui peuvent en plus se jouer ensemble (en physique), je dis mille fois oui ! En dehors de la communication, beaucoup moins en l'état, parce que je crains de ne pas avoir le temps de mettre mon plan en pleine exécution. J'ai déjà permis à des jeunes de découvrir des jeux autres, de sortir de leurs purs carcans, c'est un début que j'estime déjà positif, mais c'est loin d'être suffisant (c'est un peu comme faire lire autre chose que du roman de terroir a une mamie ^^ ) Maintenant qu'ils me connaissent, je voudrais leur faire découvrir des jeux plus créatifs, plus originaux et plus narratifs et pourquoi pas les guider discrètement vers du jeu de rôle pour le transformer en récit. Néanmoins, avec les deux mois qui me restent (dont un peu de congés), j'aurai au mieux le temps de commencer la deuxième étape et de former la suivante si elle désire continuer le projet, en croisant les doigts. Comme c'est pas "son domaine", il y a peu de chances que ça aboutisse et j'en suis incroyablement frustré. Ça reste une expérimentation que je ne regrette pas. Bref, un laïus pour illustrer mon propos et dire que l'exigence, le sens et l'accessibilité sont indépendants du sujet. L'important c'est ce qu'on en fait. Le 05/02/2020 à 16:10, B. Majour a dit : Et sur les emprunteurs actifs, tu as une majorité de femmes... avec des enfants. Effectivement, j'ai largement tendance à oublier les accompagnants des jeunes, mes excuses ! Ce serait intéressant d'avoir les stats de lecture de certains individus sur l'ensemble de leur vie, pour voir justement des probables cycles se dégager ! Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : Tu as un aperçu des réponses de deux de nos trolls favoris. Écrit celui qui a causé ma réaction qui a lancé le débat (je charrie, bien entendu, même si je pense qu'à ce niveau on est tous le troll d'au moins l'un des trois autres) Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : Est-ce que le jeu video peut-être une amorce de réponse à la fracture numérique ? Pour moi, dans ce cas comme tant d'autres, la réponse est "oui, avec la bonne approche", approche soumise à des conditions humaines et matérielles (trop rarement adaptées néanmoins, même si un humain motivé et qualifié pourra sans doute faire avec très peu de matériel) Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : il y a moins de différence entre une chasse aux oeufs et un jv, qu'entre un livre et un jv. Tous les jv sont des chasses aux oeufs, mais sur ecran. J'aime bien l'image ! Étant grand joueur (jv, société, rôle), je peux aussi te certifier qu'une frange non négligeable des jv (pas la plus jouée néanmoins) sont beaucoup plus proches qu'on ne le pense des livres et du texte en général, notamment à travers le côté "jeu de rôle" (Disco Elysium, un carton indé de 2019, scénarisé en grande partie par un romancier il me semble pour citer un exemple frais, Undertale pour citer du moins récent, Baldur's Gate 2 pour citer du vieux, Zork pour citer du très vieux, le visual novel, pour citer un genre vidéoludique entier). Donc pourrions-nous dire que selon les j-œufs disséminés, leur chasse est un livre ? Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : tous les ouvrages que j'ai pu acheter en rapport avec des series telé à succés (Divergente, le Labyrinthe, Rouge rubis, Walking dead et j'en passe, dont Hunger games) se sont revélés être des fiascos sur le plan lectoral C'est pas forcément surprenant. Le souci est que ces bouquins, à moins de les avoir en mode hipster (avant qu'ils atteignent le succès) et/ou d'avoir le livre en rayon le jour de sa sortie lorsque le succès est arrivé, je pense que la plupart des jeunes y accèdent par d'autres canaux. Ça aurait probablement été un succès de court terme même comme ça. La gestion des marques et de l'image de ces séries n'a pas été (suffisamment) pensée pour en faire un produit (ouh, le vilain mot) de long terme. Car oui, Tolkien et le Seigneur des Anneaux, Proust, Balzac et tous les autres sont aussi des marques de nos jours, dont le mythe est bien entretenu, tout comme une bonne partie des auteurs "de qualité qu'ils sont bien" de nos jours, d'une façon différente. En plus, je pense qu'aucune de ces séries/films n'a eu la même aura que Harry Potter (ou Pokemon, dans un autre genre), qui eux, tournent encore assez bien sur tous les supports confondus ! Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : Au passage une petite parenthèse sur Hunger games, jamais adapté en jv Effectivement, l'article était intéressant. L'adaptation Telltale aurait senti le réchauffé au passage, comme tous les jeux de ce développeur. Scénario prenant, graphismes passables à laids, mécaniques rigides... en bref le même jeu que leur Walking Dead avec une skin différente (leurs jeux utilisaient la même base technique et mécanique avec trop peu d'évolution). Pas trop de regrets ! Je vais même y ajouter une proposition d'analyse supplémentaire : la (non) prise de risque. Un jeu a licence utilise (presque) toujours des mécaniques éprouvées et l'argument de vente ("unique selling point" dans le jargon) est bel est bien à trouver dans l'univers plus que l'écriture, les mécaniques ou les graphismes. Les jeux à licence ont très mauvaise réputation parce qu'ils oscillent le plus souvent entre "étron intersidéral" et "jeu passable", avec quelques exception... C'est pas pour rien qu'on n'en voit plus tant que ça en dehors des jeux Lego (Star Wars utilise l'univers, mais pas directement des films ou des livres). Trop cher au vu des coûts de production des AAA (les gros jeux d'éditeurs) actuels et toute production autre qu'un AAA ne serait pas assez "vendeuse". Je simplifie, bien entendu. Le battle royale n'existait pas en tant que genre vidéoludique à l'époque d'Hunger Games, il n'y avait (presque) aucune chance qu'un éditeur ayant investi quelques millions dans les droits d'une licence prenne le risque de laisser ses développeurs innover. Accessoirement, dans l'ancien temps du jv, le Battle Royale s'appelait "Last Man Standing" (même si ces modes permettaient généralement d'avoir plusieurs vies) et se retrouvait sur ces bons vieux Unreal Tournament, Quake et consorts. Ça c'était du chouette jeu qui défouraillait bien qu'on n'en fait plus des comme ça ! Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : On ne passe pas du numérique à l'écrit comme on passe de l'album au roman Absolument. Le "problème" que je vois avec le jeu vidéo, c'est que les "vieux" joueurs (ou plutôt joueurs "à l'ancienne") vont souvent avoir une culture vidéoludique teintée de jeux qui faisaient la part belle aux textes et à la narration, mais que les "jeunes" joueurs sont habitués au confort des jeux simple, funs et dirigés presque uniquement par les mécaniques et/ou les graphismes comme les Call of, Fortnite, Fifa, Candy Crush, Mario... et n'ont pas l'habitude des jeux qui racontent des histoires (GTA raconte des histoires, mais tout le monde s'en fout et préfère rouler sur les passants...). A mon avis (et ça reste à confirmer, j'espère avoir le temps de tester), toute la difficulté est d'enchaîner deux, voire trois passerelles plus qu'une seule : du "jv multijoueur pas narratif" vers du "jeu plus narratif" [vers du "jeu où le texte est important"] vers "d'autres formes de narration/textes". Au hasard (j'ai pas pratiqué) Red Dead Redemption 2 pourrait constituer un premier pont (aurait pu, comme le mode multijoueur est sorti) : best-seller, côté réaliste, emphase sur l'aventure... The Witcher 3 aussi dans un genre similaire (mais la hype est trop passée). Ou proposer une analyse détaillée des références des Saints Row (surtout le 4), qui n'arrête pas les références à la pop culture (beaucoup de films et séries) mais dont la première phrase prononcée du jeu cite du Jane Austen... L'autre approche serait de partir d'un MMO pour aller vers du jeu de rôle solo, puis du jeu de rôle papier, puis d'écrire ces aventures tout en proposant des bouquins dans le thème. Mais dans tous les cas, trouver le genre de jeux qui puisse "appâter le chaland" tout en permettant d'effectuer les transitions successives de façon logique reste très compliqué. Voire impossible sans être un très gros joueur faisant une veille quotidienne et qui peut se permettre de faire des essais-erreurs... Et quand bien même, résultat pas garanti. Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : toi tu dois démontrer une légitimité nouvelle A mon avis, la légitimité y est déjà depuis longtemps, c'est juste que la méconnaissance empêche certains de le voir. La question c'est de savoir si le public, les collègues et la tutelle l'acceptent plus que le fait que ce soit légitime. Dans mon cas, le collègue me soutient un max, le public accepte et une frange semble même sincèrement contente (probablement parce que je ne fais pas que ça et j’inscris la démarche dans un projet, aussi court soit-il). Quelques jeunes ne sont venus que pour ça, des parents ont joué quelques minutes avec leurs enfants... Au moins il se passe quelque chose de positif et vu ma position, je considère ça comme une réussite, aussi petite soit-elle ! Et ma tutelle me soutient aussi d'esprit mais pas de budget (ils ne l'ont simplement pas) ^^ Je dirais que l'avantage de ma position et de mon approche est que je peux faire des choses avec mon matériel perso (il ne faut pas, mais bon, à la guerre comme à la guerre), mais aussi des PC qui ne sont plus de la première jeunesse - qu'on a plus souvent que des consoles actuelles. Le 06/02/2020 à 01:54, Ferris a dit : De toutes façons, avons-nous le choix ? C'est ça ou disparaître du paysage socio-culturel. Comme les MJC faillirent disparaître à la fin des années soixante et ne subsistent aujourd'hui médiocrement que par l'associatif, le benevolat et les subventions locales. C'est tout de même 500 000 jeunes, dont 50% en milieu rural. Et 20 000 bénévoles. Mais les moyens ne sont plus là....évidement, et leur rôle est devenu mineur et inadapté.. Et pourtant, si on reprend les termes de l'époque : Elles ont la capacité à mettre en mouvement de jeunes citoyens et à développer des initiatives nouvelles et innovantes. Elles veulent lier jeunesse et culture dans une perspective d'éducation populaire. Ce sont de véritables lieux de rencontres et de création pour de très nombreux jeunes issus de publics variés qui permettent de se former, d'échanger et de créer. (wiki) C'était la définition de l'époque. Bon, en sommes-nous si loin ? Justement, en lisant, je me suis dit qu'il serait intéressant d'accueillir/renouveler le concept dans les bibliothèques et les accueils de loisir jeunes (ce qu'ils font déjà). C'est un peu ce vers quoi les décideurs voudraient nous pousser j'ai l'impression. J'ai tendance à croire que l'union fait la force et qu'avec tous ces services publics et associations il y aurait moyen de "faire quelque chose". Je sais pas quoi, mais je suis certain que ça pourrait être génial, du moins jusqu'à la prochaine restriction budgétaire ! Et merci, j'essaierai de faire la meilleure route possible Le 06/02/2020 à 09:21, richard petit a dit : C'est marrant la propension des gens du métier - qui ne manquent jamais une occasion de revendiquer pour eux-mêmes l'esprit critique - à s'en remettre aux opinions autorisées pour défendre un point de vue Je l'affirme et sans passer par des opinions tierces, le jeu vidéo est un véritable art et il a ses véritables auteurs et créateurs qui ont beaucoup à nous apporter. Pour troller un peu, ils ont à mon sens plus de choses à dire et de matière à faire réfléchir que la majorité de la production éditoriale qu'on retrouve en bibliothèque - et surtout les prix littéraires qui n'intéressent véritablement que ceux qui ont des actions dans les papeteries... L'absence de tous les auteurs intéressants, ce sera souvent parce qu'on n'a pas forcément le budget et le temps de les faire remonter, parce qu'ils sont cachés dans de petites maisons d'édition, des collections obscures ou sur la toile. Le 06/02/2020 à 09:21, richard petit a dit : le jour où le ministère proclamera que le porno c'est de l'art, acquiescerez-vous d'enthousiasme ? Ou vous prévaudrez-vous des dithyrambes de la hype - Inrocks, par exemple ? Pour continuer dans le gentil troll, le porno on peut le voir comme du sport ou de l'art péri-marital (péri-néen aussi) selon les jours. Après là, il faut différencier les productions à vocation de fonction des productions qui ont une visée plus ouverte et artistique (sans mauvais jeu de mots ce coup-ci) et essaient réellement d'apporter quelque chose de neuf au domaine. C'est une question d'image mécanique ou d'image esthétique. Dans les deux cas on en appelle aux sens, le résultat est le même, mais le moyen est différent. Là, je vais volontairement exagérer (et pas volontairement me répéter), mais j'espère que vous dégagerez l'idée. Refuser au jv (comme au porno finalement) un statut d'art, c'est pas bien différent de tous les spécialistes et bien-pensants qui crachent sur tel auteur, artiste ou film parce que X ou Y. Pourquoi l'avis de l'un est plus légitime que celui de l'autre ? Autant laisser chacun apprécier ce qu'il aime et éventuellement partager nos goûts avec l'autre pour lui faire découvrir autre chose et se laisser guider en retour pour découvrir. Certaines choses ont besoin de l'échange pour prendre sens à nos yeux, y compris des auteurs que j'aurais détesté sans la passion de mes professeurs ou amis. Si la seule valeur qu'on reconnaît au dernier auteur de best-seller en date, c'est la finance, c'est qu'on oublie l'une des vocations de la littérature (de l'imaginaire) : raconter et partager des histoires. Si l'imaginaire développé par l'auteur rencontre son public, est-ce un problème ? Qui sanctionne ce qui est "bien" de ce qui est "mauvais" ? Sarumane sur sa tour d'ivoire noircie par la pollution ? Peut-être que le dernier livre de X a une valeur purement littéraire limitée parce que sa plume n'est pas celles d'auteurs qui dégoûtent les jeunes de la lecture depuis quelques décennies (je provoque), mais il a une capacité fédératrice et d'échange, il participe au développement de l'imaginaire commun et au rapprochement des peuples (j'exagère aussi). En plus, les recettes permettront peut-être à l'éditeur de prendre un risque mineur avec un autre auteur, qui sait ? Bien sûr, une partie de la production de n'aura pas ou peu d'intérêt artistique aux yeux de chacun (je suis le premier coupable de ce genre de jugement) et c'est souvent l'une des parties qui vend bien, tous "arts" confondus. Est-ce qu'il faut forcément cracher sur le tout ? Je ne pense pas. La différence pour le porno, c'est éventuellement que la vision artistique est très, très loin des préoccupations de ceux qui font les films qui sont regardés. Mais je suis certain qu'il y a quelques pépites porno dignes d'être considérées comme de l'art. La dernière série de questions est : où met-on la limite ? Wim Delevoye est-il un artiste ? Et puis, qu'est-ce que l'art ? Et une pratique culturelle c'est quoi ? Il est probable qu'on ait chacun notre idée et c'est souvent la source des débats sur le sujet. Le 06/02/2020 à 09:21, richard petit a dit : quels objectifs de lecture publique servent-ils ? Une partie du public ne vient à la bibliothèque que pour bosser (sur leur ordi parfois). Quels objectifs de lecture publique cela sert-il ? On a de la musique et des films, et ce n'est plus particulièrement remis en question, mais quels objectifs de lecture publique cela sert-il ? Ça rejoint l'idée lecteur/usager, avec l'idée de ne pas faire des usagers de simples visiteurs. Pour répondre à la question et rester dans le jeu vidéo, ça sert probablement pas ou peu d'objectifs de lecture publique vu l'approche (trop peu de médiation, de formation et de budget). C'est dommage parce qu'il existe tout un tas d'outils et jeux qui pourraient servir certains objectifs de lecture publique. Après, comme le dit Ferris, la bibliothèque n'est pas (ou plus) juste le livre et le lecteur, c'est une question d'usage. Ça reste un fait dégagé de la majorité, mais pas de la totalité. Les bibliothèques "où plane le calme et se reposent les livres poussiéreux" sont en voie de raréfaction au profit d'espaces plus sociaux et plus culturels au sens large. Le problème, c'est qu'il est difficile de faire coexister les deux dimensions avec le peu de budget alloué à la culture (et parfois un manque de vision politique) quand la demande pour les deux approches existe. Le mieux serait d'avoir une partie de bibliothèque réservée au sérieux et au calme, l'autre partie dédiée aux dimensions sociales. Devant les contraintes, la partie studieuse tend à s'effacer au profit de la demande majoritaire, qui est autre que le livre et l'étude. C'est dommage, et si on peut éviter de délaisser l'un des aspects pour l'autre, c'est l'idéal. Et pour terminer ce mur de texte devenu ridiculement conséquent, une petite bande-annonce de NieR Automata (un autre support de médiation potentiel qui n'est hélas plus d'actualité aujourd'hui). Pour citer Adam, l'un des personnages "Perhaps we are not so different after all" Oui c'est en anglais et ça fait partie des rares jeux à moyen-gros budget, les AA, qui avaient quelque chose à dire ces dernières années. Hellblade était cool dans un genre qui n'a rien à voir. Et les combats permettent de ne pas spoiler la narration. L'aventure était vraiment excellente. Modifié le 7 février 2020 par Ulnarevern Texte mis en PJ puis enlevé, je n'aurai pas cédé longtemps à l'oppression ! Bon ok, c'est 10 pages sur Word. On fait ce qu'on peut. La remise en page était longue. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 6 février 2020 Share Posté(e) le 6 février 2020 Il y a 10 heures, richard petit a dit : Le 05/02/2020 à 16:10, B. Majour a dit : Le jeu vidéo est maintenant le 10e art ! C'est marrant la propension des gens du métier - qui ne manquent jamais une occasion de revendiquer pour eux-mêmes l'esprit critique - à s'en remettre aux opinions autorisées pour défendre un point de vue (le jour où le ministère proclamera que le porno c'est de l'art, acquiescerez-vous d'enthousiasme ? Ou vous prévaudrez-vous des dithyrambes de la hype - Inrocks, par exemple ?). Il y a pourtant une seule question à se poser au sujet des nouveaux supports/services etc. proposés en bib : quels objectifs de lecture publique servent-ils ? On ne peut pas se contenter d'y répondre par des arguments convenus ou elliptiques comme vous le faites - ni à la manière impayable du Bouvard et Pécuchet qui sévit sur ce forum et prêche à longueur de temps la soumission à ce qui est là, simplement parce que c'est là. Bonjour Richard Tu préfères des statistiques ? https://fr.statista.com/statistiques/481002/proportion-gamers-francais-age-jeux-video/ Ce graphique illustre la proportion de joueurs de jeux vidéo en France en 2018, par tranche d'âge. Cette année, 55 % des Français de plus de 55 ans ont déclaré jouer à des jeux vidéo. La tranche d'âge la plus jeune, soit celle des 10-14 ans, est aussi celle qui joue le plus ; en effet, 97 % des répondants issus de cet échantillon ont affirmé être des joueurs. De plus, 42 % des garçons et 15 % des filles entre 11 et 14 ans jouaient à Fortnite. https://warmix.fr/statistiques-pratique-jeu-video-france/ (2015) Une pratique régulière: 1 joueurs sur 2 joue tous les jours. La moyenne de temps de jeux est de 2h15, davantage le week-end qu’en semaine. Je me base également sur la croissance des ludothèques qui ont le vent en poupe depuis quelques années. Beaucoup ont une offre complète : jeux de sociétés et jeux vidéos (dans une moindre mesure, comme en bibliothèque, pour une question de droits de prêt) On ne peut pas nier que le jeu vidéo est en train de prendre une place massive dans le temps des jeunes générations. En avoir en bibliothèque, c'est une juste une question de bon sens si on veut attirer les jeunes générations (de garçons) dans les bibliothèques. Pour en faire des lecteurs ? Bien sûr que non, je ne suis pas un bibliothécaire élitiste. Contrairement à celui qui dit : "un gameur reste un gameur". je suis gameur, je suis lecteur, j'aime les films, les dessins animés, la BD, les mangas... et les romans de culs j'en ai lu aussi, autant que de romans de guerre type Gerfaut. Je suis poly-culturel ! Et je reste curieux de tout ce qui intéresse les jeunes. Emissions du mercredi comprises. Parce que je sais que derrière, je tiens sans doute une clé d'entrée vers la collection de livres (ou d'autres ressources si j'en disposais). S'il faut acheter "(Divergente, le Labyrinthe, Rouge rubis, Walking dead et j'en passe, dont Hunger games)" ou des Simpsons, ou des Star wars ou des livres sur Minecraft ou Fortnite, etc. alors j'en achète quelques-uns... parce que jamais je n'irais dans un restaurant où je ne reconnais aucun plat ! (Même tarif pour les adultes) Mais quelques-uns seulement, pour montrer qu'il existe autre chose. Et que, quand les documents sont empruntés, je les ai mais il faut se rabattre et découvrir autre chose en attendant que ces documents reviennent. C'est mon objectif de lecture public : attirer les usagers (et la famille) vers d'autres documents, attiser leur curiosité. Pareil avec les jeux vidéos. Quand tous les ordis ou consoles sont occupés, ou qu'il n'est pas encore l'heure de l'animation, alors le jeune peut/va se rabattre sur une BD ou un manga en attendant son tour. C'est pourquoi il y a des BD dans le Tiers lieu que j'ai visité. Avec des prêts satisfaisants, d'après les statistiques de l'observatoire que j'ai lues. Tiens, je vais terminer là-dessus "qui a décidé que des séances de contes et de raconte-tapis fabriquent les lecteurs de demain ? C'est une idée toute faite qui fait son chemin depuis des décennies et qui est improuvable." Improuvable ? Bien sûr que si, c'est prouvable, mais il faut étendre plus loin l'idée. Perso, depuis plus de 20 ans à l'accueil, je vois les enfants de leur passage de nourrisson (ou dès leurs trois ans et parfois moins quand il viennent avec les nounous) jusqu'à leur CM2. Et je peux te garantir que ceux qui viennent avec leurs nounous, ou avec leurs parents, ceux à qui on fait la lecture tous les soirs, quand ils arrivent en CP, ils savent lire. Lorsque les autres enfants en sont à T'choupi ou d'autres albums cartonnés, eux sont déjà dans les petits romans premières lectures. En CE1/CE2, lorsque les autres lisent les romans premières lectures avec 50 pages, j'en ai déjà qui lisent Harry Potter. Et la maîtresse qui parfois s'effraie : "tu vas tout lire ?" Et qui quinze jours plus tard me confirme : "oui, il/elle a tout lu et tout compris". Et en plus, ils savent ce qu'ils veulent lire. Est-ce qu'ils sont les lecteurs de demain ? Je ne peux pas le confirmer à 100% pour tous les cas, mais je sais que la lecture de gros bouquins à plus de 300-400 pages, ça ne les inquiète pas. Lorsque la majorité, devant un livre de plus de 50-100 pages, bon sang, c'est la mer à boire. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
richard petit Posté(e) le 7 février 2020 Share Posté(e) le 7 février 2020 @Ulnarevern Il y aurait dans votre (trop) long message bien des choses à reprendre et à critiquer. J’y renonce car un forum n’est pas le lieu le mieux approprié pour les dissertations. Je formule seulement cette remarque générale : je lis beaucoup de confusions dans cette avalanche d’objections et leurs justifications - dont celle-ci, en mon sens majeure : on ne peut pas mettre sur le même plan la lecture et les autres "pratiques culturelles" (je laisse de côté la question que vous soulevez de la qualité des lectures). Il y a dans l’acte de lire une dimension irréductible : le dialogue entre l’auteur et le lecteur, lecteur qui, d’une certaine manière, recrée le texte en le passant à la moulinette de son imaginaire ; et ce dialogue s’inscrit dans un rythme – le sien, celui de sa réflexion, de ses émotions, de ses questionnements – et dans la durée : au fil du temps, les lectures construisent une bibliothèque intérieure, bibliothèque qui n’est pas composée de livres juxtaposés comme dans un rayonnage mais un ensemble "organique" dans lequel les auteurs, leurs œuvres s’interpellent, échangent, se confrontent au gré de la fantaisie, de la démarche de connaissance etc. de celui qui les convoque. Sans doute est-ce la même chose avec la musique (je ne suis pas musicien) et le cinéma (je ne suis pas cinéphile et n’apprécie que les daubes – aux dires de mes collègues cinéphiles). Par ailleurs, la lecture (je m’excuse d’emblée pour la banalité qui suit) est liée à l’écriture et structure, renforce la capacité à s’exprimer, c’est-à-dire à intervenir dans la vie publique, à être une personne autonome (sinon libre). Elle est donc intiment liée à des valeurs cardinales et à des compétences essentielles. Je ne pense pas qu’on puisse dire la même chose des jeux vidéos (sauf dans le cas où ils sont utilisés comme moyens). En d’autres termes, vous mettez sur un même plan ce qu’il conviendrait de hiérarchiser – non pas selon une échelle de dignité mais de priorité. On en revient en somme à ce qui fait la raison d’être d’une bibliothèque. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
B. Majour Posté(e) le 7 février 2020 Share Posté(e) le 7 février 2020 il y a une heure, richard petit a dit : Il y a dans l’acte de lire une dimension irréductible : le dialogue entre l’auteur et le lecteur, lecteur qui, d’une certaine manière, recrée le texte en le passant à la moulinette de son imaginaire ; et ce dialogue s’inscrit dans un rythme – le sien, celui de sa réflexion, de ses émotions, de ses questionnements – et dans la durée : au fil du temps, les lectures construisent une bibliothèque intérieure, bibliothèque qui n’est pas composée de livres juxtaposés comme dans un rayonnage mais un ensemble "organique" dans lequel les auteurs, leurs œuvres s’interpellent, échangent, se confrontent au gré de la fantaisie, de la démarche de connaissance etc. de celui qui les convoque. Sans doute est-ce la même chose avec la musique (je ne suis pas musicien) et le cinéma (je ne suis pas cinéphile et n’apprécie que les daubes – aux dires de mes collègues cinéphiles). Par ailleurs, la lecture (je m’excuse d’emblée pour la banalité qui suit) est liée à l’écriture et structure, renforce la capacité à s’exprimer, c’est-à-dire à intervenir dans la vie publique, à être une personne autonome (sinon libre). Elle est donc intiment liée à des valeurs cardinales et à des compétences essentielles. Je ne pense pas qu’on puisse dire la même chose des jeux vidéos (sauf dans le cas où ils sont utilisés comme moyens). En d’autres termes, vous mettez sur un même plan ce qu’il conviendrait de hiérarchiser – non pas selon une échelle de dignité mais de priorité. On en revient en somme à ce qui fait la raison d’être d’une bibliothèque. Merci Richard, c'est une excellente description de la lecture. (ou même de la culture) Et donc du rôle essentiel des bibliothèques, avec leurs collections. Et je t'accorde, après trente ans de jeux vidéo, que l'on ne retrouve pas ce que tu dis dans les jeux basiques, aux schémas stéréotypées. (comme les romans à l'eau de rose, voire certains policiers ou romans "alimentaires", construits suivant des canons/canevas bien précis et réglementaires) Ce que tu dis, on le retrouve dans les oeuvres d'art du jeu vidéo. Dans certains jeux particuliers qui sont rejouables plusieurs fois avec des optiques différentes. Dont l'esthétique et les choix moraux changent au fur et à mesure des sélections/décisions du joueur ou des joueurs. Ces jeux-là, comme les romans, ont des arcs narratifs multiples et ils sont de plus en plus construits comme des films interactifs. En général, il y a des écrivains ou des scénaristes derrière ce type de jeux. (La littérature, elle se cache là aussi). Et ça se voit, parce que ces jeux font dates dans l'histoire du jeu vidéo, avec une très grande liberté de jeu. Tu as aussi toute la panoplie des jeux de stratégie ou de développement de civilisations, voire d'éco-systèmes (de plus en plus bacs à sable où tu dois faire preuve d'ingéniosité et de réflexion, parfois sur plusieurs jours ou plusieurs parties pour passer l'obstacle ou la mission). Ok, ces jeux ne sont pas destinés à des littéraires, ni aux joueurs qui aiment la compétition rapide. Ce sont des jeux de longue haleine qui nécessitent de développer des compétences, de la réflexion sur la durée, parce que certains choix de développement peuvent montrer toutes leurs faiblesses ou toutes leurs richesses après un long temps dans le jeu. On a cette même notion dans le Go (ou même dans les échecs) ou une mauvaise décision au début de partie peut conditionner la victoire ou l'échec de ta partie. Certes, ce ne sont pas les mêmes compétences que pour la littérature. Mais ce sont des compétences utiles dans d'autres domaines. Est-ce que, comme dans cette liste https://www.senscritique.com/top/resultats/Les_jeux_video_qui_ont_change_votre_vie/1187578 certains jeux vidéos ont changé ma vie. Je dirais non, mais c'est sûr qu'ils ont eu un impact important sur mon approche du monde. En particulier dans les jeux multi-joueurs où tu croises toutes les nationalités et où tu dois faire preuve de diplomatie et de compréhension envers des joueurs allant de 6 à... bien bien plus. Et où parfois, c'est toi le noob (le débutant nul) qui apprend les règles de certains jeux, et c'est un gamin de moins de dix ans qui te dit ce qu'il faut faire pour réussir. C'est aussi ça, le jeu, savoir redevenir humble pour mieux découvrir. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 7 février 2020 Share Posté(e) le 7 février 2020 (modifié) @richard petit Chaque partie de réponse séparée était dans la majorité des cas à peine plus longue voire plus courte que chacun de tes messages individuels (s'ils étaient formatés), mais j'avais essayé de reprendre des points spécifiques et d'argumenter sur chacun d'eux. Chose que ta concision permet de rejeter en bloc non argumenté afin de lancer d'autres affirmations peu voire pas argumentées, aussi affirmatives que les dogmes assénés par les doctes et autres voix de la raison autoproclamées dont tu sembles si critique... C'est pas un mal de faire court, mais ta position en devient profondément paradoxale. De plus, ce dernier message est illogique. Si tout ce qui est décrit pour la littérature peut s'appliquer en musique et en cinéma, ne pas reconnaître cette possibilité au jeu vidéo n'a aucun sens. Sauf si, bien sûr, on "met la notion de qualité de côté" en comptant seulement la littérature de qualité et les jeux vidéo calibrés pour se vendre à des millions d'exemplaires... Pour les compétences, B. a développé les exemples de quelques compétences développées par différents genres vidéoludiques. Et effectivement, dans de très nombreux cas, les compétences requises et développées ne sont pas les mêmes que la littérature. La liste de jeux est intéressante. Certains jeux y sont pour leurs mécaniques qui ont révolutionné un genre, d'autres pour leur écriture de haute volée. D'autres sont là parce que tout le monde les encense parce qu'ils sont des "classiques" (comme tout autre média a ses classiques portés aux nues qu'on doit adorer sous peine d'être conspué). Bémol majeur : le premier jeu (seul) qui n'ai pas eu de gros éditeur ou de gros budget arrive en 65e place avec Undertale, qui a fait un immense carton médiatique dans la sphère vidéoludique. Le second, Journey en 93e place, n'est pas vraiment indé. Donc c'est une liste littéralement liée à 99% à des budgets de développement et au marketing. Logique, c'est ce qui vend et donc ce que le grand public connaît. En gros, les mêmes reproches que je ferai au genre de liste qui suit : on retrouve le marketing et les classiques qu'on encense, souvent sans trop plus savoir pourquoi et surtout en oubliant que le média et l'usager (ses goûts) ont évolué : https://www.senscritique.com/top/resultats/Les_livres_qui_ont_change_votre_vie/760907 Comme pour le cinéma, l'imaginaire convoqué est différent de la littérature il mais existe. C'est le hors-champ de la caméra, c'est la narration environnementale, c'est le geste laissé à l'interprétation. C'est le texte laissé dans un coin du niveau qui nous laisse entrevoir d'autres histoires, d'autres époques. Mais le jv a aussi beaucoup emprunté et emprunte toujours régulièrement à de nombreux (tous les) aspects de la littérature - ça demanderait un court essai pour illustrer en profondeur. En compétences vidéoludiques approchant celles développées par la littérature, je proposerai d'abord les jeux de rôle qui laissent souvent la liberté de l'approche et/ou des dialogues et ça demande une forme d'imagination - que ferait mon personnage ? que se passe-t-il si je fais ça ? et tout un tas de choses. Sans compter le "et si j'avais fait ça ?" qui titille tout joueur un jour ou l'autre. J'imagine que seuls les rôlistes (tous supports) peuvent vraiment comprendre à quel point ça fait intervenir l'imagination et la réflexion. Se référer à un "Livre dont vous êtes le héros" pour se faire une idée (pas les Fortnite, ils sont trop limités). J'y ajouterai aussi les visual novel. Ce qui suit est un jeu vidéo (en vidéo). La traduction n'est pas folle. La VO est ici : http://www.sakevisual.com/ripples.html (on a un autre format avec les jeux type Enterre-moi mon amour) Tout comme l'image, issue de Zork, un très vieux jeu d'aventure textuel. Modifié le 7 février 2020 par Ulnarevern Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ulnarevern Posté(e) le 7 février 2020 Share Posté(e) le 7 février 2020 (modifié) Je cède à la tentation du double post pour en revenir à ma petite citation de NieR. Peut-être que nous ne sommes pas si différents après tout. Malgré l'opposition assez forte ( ) qu'il semble y avoir sur certains ( ) de nos points de vue, je pense - j'ose croire et espérer - que nous avons tous des objectifs similaires ici, au final, malgré des approches parfois totalement opposées dans la forme. (j'admets essayer de dépasser la seule dimension lecture "pure et dure" pour essayer d'élargir les sujets et approches, en passant par des méthodes qui peuvent être critiquables) (je ne bouderai pas si tu le supprimes Ferris) Modifié le 7 février 2020 par Ulnarevern Troll sauvage "caché" : après le jv, je ferai un plan pour promouvoir le jdr papier (et https://www.reddit.com/r/MostlyWrites/comments/6ihbhi/steelshod_table_of_contents_resources/ et un autre pour les webcomics muahaha Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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